Zatoichi, la blessure - (24)
Titre original: Shin Zatoichi monogatari : Oreta tsue
Genre: Chambara
Année: 1972
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Shintaro Katsu
Casting:
Shintaro Katsu, Kiwako Taichi, Asao Koike, Yasuhiro Koume, Kyoko Yoshizawa, Katsuo Nakamura...
 

Sur un pont de singe dangereux car en très mauvais état, Zatoichi croise une vieille femme jouant du shamizen, instrument de musique à trois cordes, dont il aime le son produit par leur pincement. Une petite conversation s'engage au cours de laquelle il apprend que la dame se rend à Choshi, dans le faubourg de Kannon Ura, célèbre pour ses maisons closes. Sa fille se trouverait sûrement dans celle nommée Ogiya. Pensant qu'elle se rend là-bas pour tenter de la racheter, Ichi décide de lui donner la pièce. Tandis qu'elle s'approche pour recevoir ce qu'il lui offre, elle ne voit pas un trou dans le pont et passe au travers, avant de s'écraser quelques mètres plus bas... Se sentant affreusement coupable de cette mort prématurée, Zatoichi va chercher sa rédemption en se rendant à Choshi, se donnant comme mission de racheter Nishiki, la fille prostituée de la femme au shamizen.

 

 

Etonnant épisode que celui-ci, dans lequel un Shintaro Katsu aux manettes à la production comme à la réalisation dirige un Katsu Shintaro plus impérial que jamais en Zatoichi tourmenté, rongé par le sentiment de faute, obsédé par un souci d'expiation qui le fait passer à côté d'injustices qu'il aurait réparées d'habitude et le fait sombrer dans les eaux glacées du désespoir pour le faire rejaillir ensuite plus noir que jamais en ange exterminateur de la crapulerie yakuza. Car le village de Choshi est dirigé par de belles ordures, le parrain Mangoro en tête, dirigeant cercles de jeux et bordels, écrasant sous sa botte les familles de pêcheurs qui constituent l'essentiel de la population du coin, les réduisant à la misère, à la prostitution et même au suicide...

 

 

Dans cet univers perverti par les parasites "mafieux", quelques lueurs d'espoir subsistent, comme celles qui brillent dans les yeux de Kaede, jeune fille travaillant aux cuisines de la maison Ogya, et de son petit frère, deux orphelins unis par un amour fraternel qui vont rapidement se retrouver en butte à la concupiscence d'un homme riche et puissant et à la brutalité de ses sbires. Deux êtres à l'innocence telle qu'elle brille de mille feux au milieu du cloaque, mais à côté de laquelle Zatoichi passera complètement, aveugle plus que jamais mais sourd aussi cette fois à des souffrances qu'il perçoit d'habitude avec cette acuité qui lui est propre et qui guide en général son action et son sabre. Ici, non. Obnubilé par la mort de la vieille dame, par le rachat de sa fille qui n'en demande pourtant pas tant, finalement relativement satisfaite de son sort, Ichi rate cette occasion de se racheter, tout comme il ne voit pas la détresse des pêcheurs qu'il aurait normalement été prompt à aider...

 

 

La blessure est un épisode particulièrement sombre et réussi de la série. Elle le doit évidemment à son interprète principal, Shintaro Katsu, qui se hisse à grands coups de lame au niveau des plus grands justiciers rédempteurs au cours du final massacrant, aidé par le non moins excellent Asao Koike (Zatoichi 17, route sanglante, Femmes criminelles, Déviances et passions, "Baby Cart : l'âme d'un père, le coeur d'un fils") qui incarne un parrain au visage très expressif à la morale totalement absente. Leur joute, d'abord à distance, par hommes de main interposés (le propre des chefs étant de se cacher derrière la piétaille), finira par les rapprocher dangereusement pour les unir dans un cercle de sang permettant à un Ichi diminué façon Django (il a eu les mains transpercées par des lances), d'exprimer sa rage et sa colère à grands coups de lame. Le rouge du sang et le noir de l'âme en quelque sorte. Mais c'est pas du Stendhal, c'est du Katsu.

 

 

Bigbonn

 

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