Ladri, I
Genre: Comédie , Policier
Année: 1959
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Lucio Fulci
Casting:
Totò, Armando Calvo, Giovanna Ralli, Giacomo Furia, Enzo Turco, Maria Luisa Rolando, Roberto De Simone (Renato De Simone), Leopoldo Valentini, Fred Buscaglione...
 

Aux Etats-Unis, Joe Castagnato, un hors-la-loi italo-américain, réussit un coup faramineux qui devrait lui assurer une fin de vie confortable. Les autorités américaines le soupçonnent rapidement mais, faute de preuves, se contentent de l'expulser vers sa ville natale, Naples. Là, Castagnato tente de récupérer son butin, qu'il a expédié vers l'Italie dissimulé dans des pots de confiture. Pourchassé par un commissaire de police et un agent du FBI, il devient en outre la proie d'un maître chanteur...

 

 

Voici donc Lucio Fulci le pied à l'étrier avec ce sympathique premier film, rempli lui-même de non moins sympathiques bobines patibulaires et dégénérées et tourné en 1959 par un jeune homme encore sous le joug de celui qui l'a fait débuter : Totò.
Rappelons rapidement que Fulci entama sa carrière dans le cinéma comme scénariste des films de Steno, ceux-ci mettant le plus souvent en scène l'incontournable Totò quand ce ne fut pas le jeune Alberto Sordi qu'on tentait de lancer. Dès 1953, Lucio Fulci faisait ses premières armes d'écriture en adaptant Pirandello pour un "L'uomo, la bestia e la virtù" qui réunissait en tête d'affiche l'improbable trio composé de Totò, Orson Welles et Viviane Romance. Si l'on trouve étonnamment le nom de Fulci au générique de films de réalisateurs assez sérieux comme Mauro Bolognini ("Une fille formidable" la même année), il est moins surprenant de le voir croiser les chemins de Giorgio Simonelli (Harem nazi / Robin des Bois et les pirates) ou encore de Marino Girolami (Opération Jaguar). Deux cinéastes qui, comme le réalisateur romain, emprunteront les mêmes sentiers en exploitant, entre autres, et le temps de plusieurs collaborations, les capacités limitées du duo formé par Franco & Ciccio.

 

 

1959 marque donc un tournant primordial pour un scénariste/dialoguiste qui décide de mettre à profit ses expériences avec Steno autant qu'avec l'acteur Totò, pour lequel il a déjà écrit trois scripts ("L'uomo, la bestia e la virtù", "Totò all'inferno", "Totò nella luna"). Il collaborera à deux autres par la suite avec, en 1961, "Totò, Peppino e... la dolce vita" et "Letto a tre piazze", alors qu'il exploitera l'arrivée sur la scène d'un nouveau venu : Adriano Celentano, avant de prendre ses distances et de s'émanciper petit à petit de ses mentors.

Pour son premier film, il est difficile d'affirmer que Fulci réalisateur (et scénariste) fasse preuve d'une folle originalité. A l'instar de certains de ses confrères, celui-ci plume allègrement "Le pigeon" de Monicelli, lequel a fait le succès critique et populaire que l'on sait l'année précédente. Une exploitation qu'il reprendra du reste peu après et à plusieurs reprises avec Colpo gobbo all'italiana (1962), dans lequel des truands s'escrimeront à remettre dans un coffre-fort le fruit d'un hold-up, mais aussi le très pop et très fendard Come svaligiammo la banca d'Italia (1966).
La recette est assez simple : on prend une équipe de bras cassés, plus mongoloïdes les uns que les autres, on les place dans une situation équivoque (on ne peut plus sérieuse et dangereuse), celle de se retrouver à percer un coffre-fort ou bien encore récupérer un butin, pour finalement y greffer une morale à revers, jouer du décalage et des préjugés en les transformant en sorte de losers magnifiques tandis qu'on tape gentiment sur la morale, faisant assez régulièrement remporter la partie par des pauvres bougres contre des institutions jugées injustes et porteuses d'inégalités sociales. Cela pourrait paraître un peu court de prime abord, et force est d'admettre que si I Ladri suscite à cet égard un énorme capital sympathie, il n'est pas aussi rôdé que les films à venir susnommés.

 

 

Bien moins parachevé que "Le pigeon", malgré un trio assez irrésistible par moments (Giacomo Furia, Rafael Luis Calvo et Félix Fernández), I ladri fera triompher le mal ou tout du moins le pied de nez à la morale. Il s'agit là bien sûr d'un secret de polichinelle tant le scénario s'inscrit dans la mouvance des comédies italiennes ironiques et cruelles à venir. Totò y livre toutefois une composition un brin mécanique tandis qu'Armando Calvo en hors-la-loi a plus de mal à convaincre. Quant au film lui-même, il ne démérite globalement pas au regard de la présence de Nanni Loy au scénario, lequel tournera de son côté, la même année, la suite officielle du film de Monicelli. Pour en finir également rayon acteurs, il convient de signaler en revanche l'impeccable et très attractive présence de Giovanna Ralli (La lame infernale), laquelle avait tourné au préalable avec Totò un "I tre ladri" qui évoluait sur un script assez similaire à celui-ci (pourtant écrit à 8 mains !).

Le plus intéressant, finalement, reste que I ladri annonce les deux films suivants de Fulci ainsi que la plupart de ses collaborations futures avec Adriano Celentano, Franco & Ciccio ou encore Lando Buzzanca. Ainsi y retrouve-t-on deux sortes de scopitones, dont un avec Fred Buscaglione alias Fred Hammond (qu'on retrouvera dans Ragazzi del Juke-Box avant de périr dans un accident d'avion). Des intermèdes rafraîchissants permettant à cette bobine de relancer son rythme dès qu'elle menace de s'enliser, à force de tirer sur la corde d'un script un peu mince et d'acteurs parfois en roue libre. (En somme, tout le contraire des Marx Brothers !).

Bref, I ladri n'est pas un film exceptionnel, loin s'en faut, mais il marque les débuts très encourageants d'un cinéaste vigoureux et au caractère aussi bien trempé qu'il peut être influençable à d'autres moments.

 

 

Mallox

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