Au premier regard, il y a la beauté de la couverture, le visuel de l'écriture et le format qui nous conquissent et nous invitent au voyage, à une plongée vers un univers magique. Ensuite, lorsque vos doigts entrouvrent délicatement l'ouvrage et que votre esprit, avide de beauté et d'enchantement, s'empare des premières pages, vous êtes véritablement emportés. Emportés vers des territoires jusque là inconnus et imaginaires, vers les forces infinies de la Nature, vers les fées gardiennes et protectrice de Gaïa la toute puissante, Mère éternelle de tout ce qui vit sur terre, et vers les légendes fondatrices et universelles.
Tout de suite, les illustrations de la talentueuse Amandine Labarre vous sautent au visage pour vous inciter à vivre une expérience magique, une expérience en solitaire d'une beauté à vous couper le souffle. La typographie et la mise en page de l'ouvrage vous couvrent elles aussi de délices et quelques instants de contemplation plus tard, vous pouvez enfin porter votre regard vers le texte, vers le récit de Sinane l'Enchanteur, le farfadet à chemin entre le monde des hommes et celui des fées à la lourde mission de sauver Gaïa qui se meurt.
Car Gaïa est atteinte d'un mal profond et sans nom. Elle se terre au fond de ses domaines et abandonne la nature et les hommes. Elle est faible car ses fées sont en danger, ses filles protectrices d'une parcelle de monde et d'univers : la fée des Neige hurle devant la mort des oiseaux de glace, des oiseaux enchanteurs qui naissent à la fin de l'hiver et fondent au printemps pour régénérer la nature. La fée de la Lune se ternit quant à elle jour après jour, le coeur enserré dans l'étau du chagrin. La fée de l'aurore est emprisonnée et la fée de l'orage ne peut plus trouver de repos, le coeur rongé par l'angoisse. Chaque fée, chaque arcane, détient sa part de pouvoir sur le coeur des hommes et sur la nature et peu à peu, au tourment des fées répond la destruction du monde et la mort inéluctable de Gaïa... Le monde sombre et seul un Enchanteur saura trouver le moyen de sauver Gaïa et d'apaiser ses filles.
Cet Enchanteur, se sera donc Sinane, un Farfadet née d'un arbre et d'un homme, une créature de la forêt rejetée des humains et au coeur brisé par la perte d'Ambrine, son aimée. Elle était de sa race mais les hommes l'ont tué, elle a lentement dépéri pour ne pas avoir pu ou su oublier les coups de hache des hommes brisant son arbre, pour ne pas avoir pu les chasser hors de son coeur. Alors Sinane est devenu un Enchanteur. Il a décidé de transformer les rêves des hommes en cauchemars pour tenter d'oublier et d'exorciser le désespoir qui le ronge, ternir et détruire les hommes qui ont tué Ambrine. Mais un jour, la visite d'Oniros, un chat ailé messager de Gaïa, le mettra devant ce choix : aider Gaïa et sauver les hommes ou laisser le monde disparaître.
Sinane choisira le chemin de la vie en souvenir d'Ambrine et accompagné d'Oniros et des cartes représentant les huit arcanes, il va parcourir le monde pour sauver les fées et Gaïa...
Si vous souhaitez rêver et vous abandonner au rythme féerique et lancinant de la nature, ce livre est fait pour vous. C'est un hymne magnifique, une ôde à la beauté et aux forces invisibles, une incantation magique et poétique à renouer avec une vie en harmonie avec la nature. Poésie est le maître de mot de ce splendide ouvrage. Certes la trame de l'histoire est simpliste, mais ce n'est pas grave. On se laisse emporter, on chavire, on sombre dans un autre monde, portés par les mots de Mathieu Gaborit et leur sombre amplitude ainsi que par les illustrations d'Amandine Labarre, envoûtantes, évocatrices et féeriques.
Tous deux sont indissociables, liés par un charme enchanteur qui fait que chacun d'entre eux résonne à l'unisson de l'autre. Notre regard coule des mots à l'image et les deux s'harmonisent ici comme jamais. Le carnet de voyage se fige pour un instant d'éternité et d'absolu tandis que se dévoilent sous nos yeux et dans notre coeur des esquisses d'un temps perdu ou pas encore venu, d'un temps ou les forces de la nature étaient immortelles et toutes puissantes, un temps ou l'on croyait aux fées, aux licornes, aux oiseaux de glaces et aux Dragonnets apportant la sèves des arbres.
Ici, tout est renouveau de la nature et incitation à ne pas oublier le lien qui nous y unit, nous les Hommes, oublieux de notre passé et de nos racines. Sortons de nos villes et apportons donc enfin le regard aimant qui apaisera les cauchemars de Gaïa, la Mère Eternelle, oublions les préjugés et rêvons autour de cette histoire d'amour universelle, cette histoire de créatures merveilleuses, de renoncement et de sacrifice et surtout d'amour. D'un amour sincère et malheureux, d'un amour immatériel et pur envers l'imaginaire, d'un amour respectueux pour la nature et pour ses créatures.
Abandonnons notre esprit critique et notre jugement et ne gardons en nos coeurs que la beauté de cet ouvrage. C'est un voyage magnifique et somptueux auquel nous sommes conviés alors ne le manquez pas, vous pourriez le regretter en découvrant un beau jour la trame du monde privée de son enchantement...
Note : 9/10
Chaperon Rouge
A propos de ce livre :
- Site de officiel : http://arcanesfeeriques.free.fr/
