C'est un peu la paix, c'est un peu la guerre
Genre: Horreur , Fantastique , Humour , Gore , Apocalypse , Anticipation , Dragons , Recueils de nouvelles , Autres genres , Guerre , Science-fiction
Année: 2009
Pays d'origine: France
Editeur: La Clef d'Argent
Collection: KholekTh
Auteur: Jean Pierre Andrevon
 

Chers amis lecteurs et lectrices, me voilà bien embêté. En effet j'aurais voulu vous éviter la même tirade que je sors à chaque fois que j'écris sur Jean-Pierre Andrevon : "ce type est tout simplement un génie, l'un des plus grands auteurs français, l'un de ceux que j'admire le plus etc., etc." Mais ce n'est pas encore le cas aujourd'hui et encore une fois l'auteur m'a scotché, troublé, fait vibré, révolté mais aussi fait sourire, rire et bien sûr j'ai adoré ce recueil de nouvelles.

Mais mon trouble est double. Car chroniquer un recueil de nouvelles n'est déjà pas une chose facile - comment parler de tout sans rien trop dévoiler, comment ne pas trahir l'écriture de l'auteur, ses chutes et ses dénouements ? – mais alors que dire de celui-ci ! A la rigueur j'aurais préféré un pavé de 600 pages rempli à ras bord plutôt que ce recueil absolument génial et original. Ici nous n'avons "que" 160 pages, un format poche mais bien plus dense qu'un roman de 600 pages, c'est vous dire devant quoi je me trouve ! Et oui car en à peine une centaine de pages Andrevon et son éditeur nous offrent 44 nouvelles et une postface qui à elle seule a mérite que l'on s'intéresse à ce recueil!


"C'est un peu la paix, c'est un peu la guerre" est donc un livre bien étrange et fabuleux qui regroupe des nouvelles qui font une page voire trois pages (à la limite de la micronouvelle pour certaines) écrites par Andrevon entre 1960 et 2000. Autant dire qu'il y a ici tout un pan de l'histoire de cet écrivain génialissime qui prouve encore une fois son talent. Personnellement, en tant que lecteur, je ne comprends même pas comment on peut faire! Chacune de ces nouvelles oscille dans des genres différents qui vont de la SF en passant par le surréalisme et qui vont jusqu'au gore parfois, le tout avec un certain engagement entre autre contre la guerre, pour le droit des femmes et avec un certain regard, si typique à l'auteur mais qui semble ici exacerbé, quant à la nature humaine. On sort complètement lessivé, retourné, de ce recueil qui fait mal, très mal, comme un coup de poing en plein dans l'estomac.

Dans certaines nouvelles l'auteur fait parler des marchands de canon, dans d'autre des femmes qui arrêtent de respirer à la demande de leur mari. C'est surtout contre la guerre et la folie des hommes que s'époumone Andrevon mais toujours avec ce style et ce ton si spécial, reconnaissable entre mille, presque désabusé, pessimiste comme si rien ne pouvait changer, comme s'il savait que l'écriture elle-même ne pouvait pas faire avancer les choses... Peut-être est-ce aussi pour cela que certains textes de Jean-Pierre Andrevon parlent, sur un ton quasi surréaliste, de la fuite, de cette idée que l'on pourrait qualifier de misanthropique, de partir loin, très loin des hommes. Ces hommes que parfois monsieur Lune regarde d'un air tendre tout en se disant qu'ils ne valent pas grand-chose! Beau et triste à la fois...

Autre aspect que je trouve très marquant dans les textes de Jean-Pierre Andrevon, et c'était déjà le cas dans Tous ces pas vers l'enfer, recueil parut chez Glyphe et qui m'avait découvrir l'écrivain, c'est la présence constante de la mort comme inéluctable, comme inapprivoisable, comme le fait de l'homme aussi (la guerre encore et le meurtre toujours), comme la solitude ultime et qui offre parfois de superbes pages, drôles aussi parfois...

C'est une évidence, je ne peux pas vous parler de toutes les nouvelles, je ne peux pas rendre avec mes mots toute la force et toute la beauté d'une telle entreprise qui s'étend sur plus de quarante ans et qui se retrouve ici, qui tient là dans le creux de ma main, qui tient dans un sac mais qui, dans mon esprit et dans mon cœur, prend beaucoup de place comme tous les écrits de l'auteur que j'ai pu lire jusqu'à ce jour. Il y a beaucoup de textes que j'ai aimé, celui sur les cannibales, celui sur ce facteur qui s'annonce sa propre mort, ces brûlots anti-guerre qui sont encore tellement d'actualité, ces récits de pillages absurdes et ces nouvelles qui sont comme de la poésie et qui s'inspirent autant du réel que de l'imaginaire.


"C'est un peu la paix, C'est un peu la guerre" plaira autant au lecteur de SF que de fantastique et même aux amateurs de littérature dite blanche! Une œuvre universelle, l'œuvre de toute une vie.

Ces fabuleux textes ont été publiés dans Fiction mais aussi dans Charlie hebdo ou Fluide Glacial à l'époque où la presse était libre, du moins peut-être plus qu'aujourd'hui... Ils sont aujourd'hui réunis par l'éditeur La Clef d'Argent et je trouve que c'est un beau pari et une superbe initiative!

J'ai découvert cette maison d'édition il y a peu, avec le roman de Gilles Bailly, Malbosque, un roman hors norme et superbe. Je ne connais pas plus que cela leur catalogue mais c'est une évidence pour l'instant cette maison ose, elle sort des sentiers battus, publie autre chose, cherche la différence et sincèrement c'est une belle réussite qui a tout mon soutien ! Des livres comme celui de Jean-Pierre Andrevon ou celui de Gilles Bailly sont rares, trop rares, ils bousculent les conventions de l'écriture et par là même ils bousculent le lecteur.

"C'est un peu la paix, c'est un peu la guerre" (que dire de ce titre sublime qui à lui seul résume l'œuvre ?) c'est surtout du grand Andrevon, un très bel ouvrage et une belle initiative de La Clef D'argent!

 

Note : 10/10

 

Le Cimmerien

 

A propos de ce livre :

 

- Sortie prévue le 21 octobre 2009

- Site de l'éditeur : www.clef-argent.org   

- Site de l'auteur : http://jp.andrevon.com/
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