Mea culpa, j'avoue mon crime, c'est la première fois que je lis du Jean-Claude Dunyach. Certes, le nom de cet auteur ne m'est pas non plus inconnu puisqu'il a été récompensé par de nombreux prix et a été le directeur de la collection SF de Bragelonne. Mais l'occasion d'une rencontre littéraire ne s'était pourtant pas encore produite et la sortie de ce recueil de nouvelles l'aura permise. Et heureusement car la plume découverte à travers ses six textes m'a réellement séduit!
Sur les quatre premiers textes plane ainsi l'ombre de la mort, même si ce n'en est pas le sujet. Ainsi, dans la première nouvelle éponyme du recueil, il va être question d'un scientifique qui a fui sa vie et d'une femme qui va lui demander un service. En étudiant les expériences de morts imminentes, ils pensait en effet avoir trouvé le moyen d'offrir une mort apaisante, jusqu'à ce que son système semble avoir un souci et offre des morts affreuses. La jeune femme lui propose alors un échange, il aide son père à mourir et elle lui explique l'échec de son projet.
Un nouvelle qui s'intéresse autant à la vie qu'à l'après vie, à la science qu'à la croyance, au paradis qu'à l'enfer, l'auteur en profitant ainsi pour montrer l'homme dans toute sa bonté et toutes ses cruautés, opposant un médecin qui cherche le bien pour ses patients à son client, décrit comme le membre d'un lignée de monstres. L'enfer est pavé de bonnes intentions comme dit le dicton, et celui-ci correspond assez bien à la nouvelle !
Dans La fin des cerisiers, il sera question d'un tournage américain au Japon et principalement d'une scène où une servante se fait assassiner par un samouraï. Le scénariste devra jongler entre les envies américaines du réalisateur et de son actrice ainsi qu'entre la description des coutumes locales par une jeune japonaise.
Plus que deux cultures, c'est une culture et la conception qu'en ont des étrangers qui fera l'objet de ce texte. En utilisant l’exemple du Japon et les images d’Epinal qu'on en a, Jean-Claude Dunyach oppose une vision exotique de l’Asie à une réalité plus crue dans un texte à l'ambiance fantastique imparable.
Puis ce sera autour des cœurs silencieux d'être racontés. Il y sera question d'un scientifique agonisant, ce dernier ayant inventé un médicament capable de multiplier l'empathie et de partager ses sensations avec le reste de l'humanité.
Avec cette nouvelle, la mort n'est plus un spectacle ou une sentence, mais juste l'aboutissement de la vie. C'est le partage et la compréhension de son prochain qui est au centre du récit, des philosophies qui ne pourraient que changer le monde, dussent-elles passer par un médicament pour arriver à leur but, mais un final émouvant nous rappelle qu'il y a des choses trop personnelles pour être partagées.
Dans Replie sur soi, il sera question d’origamis et de physique quantique dans une nouvelle où un garçon va rencontrer un étrange individu qui va l'initier à l'art délicat du pliage de papier, ce qui adulte va essayer de l'amener à vouloir courber la réalité selon ses envies.
Encore une nouvelle où il sera question de la mort, mais également de solitude à travers une histoire où les rencontres se multiplient et nous expliquent qu'on est ni seul, ni unique, malgré ce que notre vie et nos décisions peuvent nous laisser croire. L’immensité des univers parallèles sert ici à nous montrer notre insignifiance face à tout ce qu'on aurait pu être.
Ensuite, Jean-Claude Dunyach nous parlera d'un mystérieux laboratoire et nous découvriront des apprenti-Frankenstein jouant avec des plantes, mais cette fois, il semble qu'ils aient réussi à oeuvrer pour le bien de l’humanité, à trouver un nouveau moyen de lutter contre la pollution.
C'est donc ici un sujet d'actualité, qui cette fois n'est pas décrit comme quelque chose d’irréversible, mais comme une maladie, comme quelque chose qu'on pourra soigner. Pourtant, ces soins auront un prix...
Et enfin, dans Un visiteur secret, un jeune couple a profité des vacances des parents du garçon pour se retrouver en cachette, mais une troisième personne apparaîtra dans la maison, un invité inattendu, un fantôme. Dans ce texte, la morale est simple, il faut savoir choisir entre vivre de nouvelles choses ou rester coincé dans les anciennes...
Mon premier contact avec Jean-Claude Dunyach s'est donc fait à travers ces six textes, des textes qui contiennent des idées et des images capables de rester dans l'esprit du lecteur longtemps après avoir été découvertes, six textes où la Hard-SF côtoie le fantastique pour le meilleur. Après avoir trop longtemps évité Jean-Claude Dunyach, faute d'une occasion de le découvrir, je pense très vite aller explorer ses autres recueil et ses autres romans !
Note : 8/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'auteur : http://jean-claude.dunyach.pagesperso-orange.fr/accueil.html
- Site de l'éditeur : http://www.l-atalante.com/