Horrible invasion, L'
Titre original: Kingdom of the Spiders
Genre: Science fiction , Horreur , Agressions animales
Année: 1977
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John 'Bud' Cardos
Casting:
William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler, David McLean, Natasha Ryan, Altovise Davis, Joe Ross, Marcy Lafferty, Adele Malis-Morey...
 

Robert Hansen (William Shatner), un vétérinaire vivant dans la vallée rurale de Verde en Arizona, reçoit un appel pressant d'un fermier local, Walter Colby (Woody Strode). Colby est inquiet parce que l'un de ses veaux est malade sans raison apparente. Celui-ci amène l'animal au laboratoire de Hansen. Ce dernier examine le veau qui meurt peu après. Impossible pour Hansen d'expliquer la raison pour laquelle l'animal est tombé malade si rapidement pour mourir ensuite. Il envoie rapidement des échantillons de prises de sang de l'animal au laboratoire universitaire de Flagstaff.

Quelques jours plus tard, arrive Diane Ashley (Bolling), une entomologiste, recherchant Hansen. Ashley dit à Hansen que le veau a été tué par une dose massive de venin d'araignée. Renseignement que Hansen accueille avec scepticisme. Intraitable, Ashley lui dit que le problème est sérieux et qu'elle souhaite examiner la carcasse ainsi que le domaine dans lequel l'animal a montré ses premiers signes de maladie. Hansen escorte donc Ashley à la ferme de Colby. Arrive l'épouse de Colby, Birch (Altovise Davis), qui vient de découvrir que leur chien est également mort. Ashley réalise un essai chimique rapide sur la carcasse du chien et conclut que, comme le veau, il est mort d'une injection massive de venin d'araignée. Hansen est incrédule, jusqu'à ce que Colby déclare qu'il a récemment trouvé une colline remplie d'araignées derrière son champ. Il emmène Hansen et Ashley vers la colline, qui se révèle couverte de tarentules. Ashley théorise que le regroupement massif de tarentules est dû à l'utilisation lourde de pesticides. Ceux-ci supprimeraient leurs approvisionnements alimentaires normaux et, afin de survivre, les araignées joignent leurs forces pour se sustenter d'animaux plus grands. Et si les humains se voyaient à leur tour menacés ?

 


John 'Bud' Cardos fait vraiment office d'homme à tout faire au sein du cinéma d'exploitation et du cinéma dans ses grandes largeurs. Issu d'une famille ancrée dans l'industrie cinématographique (un cousin, Spiros Cardos, travaillant pour la Twentieth Century Fox, un père et un oncle dirigeant le Grauman's Chinese Theatre, une salle de cinéma située sur Hollywood Boulevard), celui-ci débuta sa carrière comme acteur dès sa plus tendre enfance dans les comédies produites ou réalisées par Hal Roach dans les années 40, avant de travailler comme dresseur d'oiseaux sur le plateau des "Oiseaux" d'Hitchcock (film qui l'a semble-t-il marqué puisque "L'horrible invasion" peut se voir comme l'une des nombreuses variations sur le même thème). Sa popularité s'est ensuite accrue par sa présence dans pas mal de séries B chez Al Adamson notamment ("Satan's Sadist" / "Five Bloody Graves" / "Blood Creatures from the Prehistoric Planet"), mais encore Bud Townsend ("Crimes in the Wax Museum") ou Bob Clark ("Breaking Point")... Un Bob Clark avec lequel il avait déjà travaillé sur "Le mort-vivant" comme directeur de production. Un poste occupé sur pas mal d'autres films dont certains déjà susnommés. Il sera également réalisateur de seconde équipe dès 1969 sur le standard de Sam Peckinpah, "La horde sauvage" avant de persister également dans cette voie.

C'est en 1970 qu'il passera à la mise en scène avec "The Red, White, and Black", un western romantique à tendance blaxploitation avant d'enchaîner sur un film d'action sur fond de courses automobiles ("Drag Racer") l'année suivante, avant de réapparaître derrière une caméra en 1977 pour ce "Kingdom of the Spiders", puis de poursuivre dans la foulée avec d'autres films de genre comme "The Dark / The Mutilator" ou encore "Mutant" (voir critique). Revenons-en, après ce long détour, à nos araignées...

 


"L'horrible invasion", disons le tout de go, est une réussite majeure du film d'épouvante animalière. Sans doute même une référence ultime en terme de terreur arachnide.

Soit, ce n'est pas le premier, ni le dernier et on pourra le poser sur ses étagères non loin de quelques autres, parfois sympathiques ("Tarantula" de Jack Arnold, "Earth vs. the Spider" de Bert I. Gordon), parfois moins bons ("Kiss of the Tarantula" de Chris Munger, l'année précédente) ou encore parfois pénibles ("Tarantula : le cargo de la mort"). Deux cas de figures sont la plupart du temps présents : ou bien elles sont le fruit de mutations génétiques et se révèlent être géantes et écrasent tout sur leur passage, ou bien c'est le nombre qui l'emporte, comme c'est ici le cas et comme l'indique du reste son titre, autant l'original que le français ! Mais qu'est-ce qui met donc ce "Kingdom of the Spiders" au-dessus du lot ?

 

 

Tout d'abord, le film de John Bud Carlos fait partie des œuvres reflétant un souci croissant d'environnementalisme en Amérique du Nord, à l'instar d'autres productions comme "Day of the Animals", "Frogs" ou encore "Silent Running". Comme suggéré plus haut, il appartient à cette mouvance horrifique animalière qui veut que le pire ennemi de l'humanité ne soit pas un ou plusieurs monstres surnaturels, mais au contraire des créatures déjà présentes dans la nature, s'inscrivant ainsi dans la droite lignée des "Dents de la mer", qui venait de casser la baraque au Box Office, mais surtout du film initiateur d'Hitchcock : "Les oiseaux".

Le parallèle qu'on peut dresser en particulier avec le film de Spielberg est que dans les deux films, les officiers locaux sont d'avantage préoccupés par un souci de prospérité touristique qui se fera aux dépends d'un danger écologique sérieusement traité avec, au final, des conséquences terrifiantes.

Une autre influence non négligeable que l'on peut percevoir est celle de Romero et sa "Nuit des morts-vivants", lors de la scène finale notamment, dans laquelle un petit groupe de survivants se retrouve cloîtré et barricadé dans une maison, assailli de l'extérieur. Difficile en tout cas de ne pas y songer. Quoiqu'il en soit, et pour relativiser toutes les références ici énumérées, la force de "L'horrible invasion" est de savoir les gérer, pour ne pas dire les digérer, afin de les reprendre finalement à sa propre sauce... une sauce qu'on qualifiera de très relevée !

 

 

Pas de doute, le spectacle est bel et bien là ! D'abord ces tarentules en meutes colossales offrent quelque chose d'assez ahurissant, d'autant que l'on n'assiste pas là à de simples bestioles en caoutchouc, mais à des araignées garanties 100% naturelles. Il sera également difficile de reprocher à Bud Carlos de prendre du temps à mettre l'action en place. C'est l'occasion pour lui de, non seulement s'appliquer à poser méthodiquement des personnages consistants, mais aussi d'installer une véritable atmosphère, celle d'une Amérique du Nord désertique écrasée par la chaleur et la poussière. Il faut voir comment la petite balade country chantée au début (par Dorsey Brunette) laisse le pas à une entame de film assez légère, pour ne pas dire empreinte d'humour, employant champs et contre champs, entre une vache en train de brouter tranquillement le regard hagard, et la vue suggestive d'une des nombreuses bestioles à venir. Le tout accentué par une musique pour le moins menaçante. De même pour certains personnages assez cocasses (Woody Strode) ou d'autres qui passeront de l'insouciance ou de la désinvolture pure à l'inquiétude la plus aiguë. A ce titre, il convient de louer l'épatante performance de William Shatner, qui livre là une composition parfaite ; sans doute l'une des meilleures de sa carrière, avec celle au sein de l'excellent "The Intruder" de Roger Corman.

 

 

Ensuite, la mise en scène va crescendo, avec un rythme qui ne fera que croître de manière on ne peut plus régulière, suivant à la perfection la menace grandissante autant que les changements d'attitudes, ce jusqu'à une succession de morceaux d'anthologie qu'il serait inutile d'énumérer. Pour faire court, disons que tout ici fait son effet. Que ce soit ces victimes enfermées dans des cocons de toiles, l'intrusion d'une tarentule dans un tiroir, une autre intrusion dans un avion qui finira par s'écraser dans une grange. Une femme qui se tire un coup de pistolet en pleine main, en voulant se débarrasser d'une des araignées en cédant à la panique... Panique qui elle aussi contaminera toute la bourgade, lors de scène proprement apocalyptique dans laquelle la population affolée n'hésitera plus à écraser son voisin pour tenter de s'enfuir, et où femmes et enfants ne seront pas épargnés (on n'est finalement pas très loin d'une "Guerre des mondes" version Spielberg).

Et puis, le final est spectaculaire à souhait, lui aussi, en même temps qu'assez abyssal dans son pessimisme. De ceux qui hantent longtemps les mémoires.

Si l'on rajoute que les partitions musicales, qui proviennent de stocks de plusieurs compositeurs (Dominic Frontiere, René Garriguenc, Richard Markowitz, Albert Sendrey) sont parfaitement utilisées, inutile de conclure en disant que "L'horrible invasion" règne au sein du royaume des films d'araignées !

 

Mallox
 
A propos du film :
 
 
# Malgré le message à tendance écolo du film (l'usage des pesticides et les dangers collatéraux qu'ils peuvent provoquer) et le fait qu'on ait ici affaire à des araignées tueuses, nombreuses tarentules furent tuées durant le tournage. Certaines pour la simple raison qu'elles ne supportèrent pas les constants changements de température et de climat. Pour le reste, soit elles furent écrasées durant la scène de panique, lorsqu'elles envahissent la ville, tandis que les figurants couraient à droite à gauche, d'autres par les véhicules mis en scène (roues de voitures et de camions), d'autres plus simplement encore parce que le script le réclamait (notamment durant la scène où les reclus se défendent et se doivent d'écraser les intruses)... 
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