Lady Tarzan
Titre original: Tarzan Sundari ou Tarzan Sundhari
Genre: Aventures , Exotisme
Pays d'origine: Inde
Réalisateur: Guna (ou Guna Prasad)
Casting:
Jamuna, Vinod.
 

"Tarzan" a fait des émules dont certains particulièrement croquignolets. Lady Tarzan est de ceux-là, avec ses tenues ridicules, ses chansons sirupeuses et ses danses aux déhanchés parfois grotesques...

 

 

Mais le film est aussi une sorte de compilation de tout ce qui fait le genre aventures : des stock-shots d'animaux sauvages, pour faire plus vrai que nature, avec combat de fauves, singe attrapé par un boa (et c'est probablement le plus horrible du film que de voir l'oeil du primate regarder la caméra qui le filme, alors qu'il a la tête prise dans la gueule du serpent et n'arrive pas à s'en libérer...), crocodiles attaquant un léopard... des aventuriers bigarrés (dont un binoclard ridicule qui joue le comique de service), une tribu de primitifs peinturlurés dirigés par un nain, des héros moustachus (ben oui, nous sommes en Inde), des héroïnes moustachues aussi (ben oui, nous sommes en Inde) euh, non... je voulais dire des héroïnes aux rêves érotiques et musicaux, des méchants patibulaires (dont une espèce de gros travelo à crête d'iroquois et à jupette colorée), ainsi que moult rebondissements pas piqués des vers...

 

 

Rani est une jeune fille qui a eu le malheur d'accompagner son papa et de tomber dans une embuscade pour dévaliser celui-ci. Balancée tel un mannequin de chiffon (d'ailleurs, c'en est un), dans une cascade (une chute qui, quand on la voit, ne peut qu'être mortelle), elle en ressort à peine mouillée mais perdue dans la forêt, l'immense forêt pleine d'animaux sauvages et beaux. Elle fait assez rapidement ami-ami avec les éléphants, au prix d'une danse assez ridicule où elle les imite tandis qu'on dirait qu'ils sont pris de ballonnements et se tortillent pour pouvoir mieux libérer leurs entrailles (à les voir on craint d'ailleurs - ou on espère ? - qu'elle ne se prenne un vent ou, pire, une diarrhée faramineuse, en plein dans la tronche), avec les léopards aussi, et les autres fauves, tant qu'à faire, avec qui elle joue à la maîtresse d'école, ne provoquant que feulements et soupirs rauques de la part des gros chats un peu cancres. Rani ne déteste, finalement, que les reptiles et les sauriens, les plus agressifs du lot, dont un crocodile qui la déshabille... miam-miam, sauf qu'en fait non puisqu'on parle là de Rani enfant...

 

 

Douze ans passent, et voilà Rani devenue jeune femme en tenue légère et tachetée, bondissant de liane en liane (et le singulier est volontaire car je crois bien qu'il s'agit toujours de la même liane et du même plan), poussant parfois un cri assez peu réussi (un de plus qui aura du mal à faire oublier celui de Johnny Weissmuller), et combattant ses adversaires comme une panthère kung fu, toutes griffes dehors et avec même des éclairs de catcheuse de la jungle : et que je t'attrape un rude gaillard, et que je te le soulève à bout de bras et que je te le balance dans les airs !
Tandis que son petit papa désespère de la revoir un jour et que sa mère se désole de sa disparition, Rani finit par tomber sur un beau brun mystérieux à la lèvre supérieure ourlée d'une belle moustache, dont le regard franc et fier ne la laisse pas de marbre. Lui reconnaît Rani, dans cette mystérieuse fille de la jungle, mais elle, se souvient-elle de qui elle était ? S'ensuivent alors quelques danses assez fendardes sur le thème de "mon amour je suis à toi", avec des paroles aussi fortes que "je suis ton vin, viens donc me boire", entre quelques combats où les coups portent assez peu mais sont finalement assez sympathiques et une découverte de la tendresse sur fond de dégustation de bananes (en compagnie d'un type dans un costume de singe, autre élément foncièrement sympathique quoique ici assez peu exploité).

 

 

Lady Tarzan est donc une surprise sympathique et présentant quelques séquences particulièrement réussies dans le genre guilleret au second degré plus qu'au premier. On a du mal à ne pas rire en voyant les héros du film se tortiller dans des costumes ridicules et des éclairages clipesques fortement vieillis, on se gondole en découvrant le méchant de la tribu des sauvages, cette espèce de Wez de Mad Max 2 qui aurait pris 30 kilos et aurait troqué la tenue cuir pour le deux-pièces multicolore, et qui accompagne tous ses coups de latte de grognements légèrement porcins.
Tout concourt à ravir le spectateur, un peu goguenard il faut bien le dire. Du sérieux de l'ensemble qui passe sans complexe et sans trop de souci scénaristique d'une séquence à l'autre, parfois assez brutalement (notamment au début, avec les stock-shots) à l'érotisme sous-jacent, ne montrant rien mais suggérant beaucoup (de l'épluchage d'une banane à la succion du venin dans la cuisse du héros, en passant par une tête d'idiot entre les cuisses de notre belle Tarzane), en passant encore par les danses parsemées régulièrement, telles des cailloux de Petit Poucet, jusqu'à un happy end prévisible.

Dommage que l'ensemble soit trop long, deux bonnes heures quand même, ce qui fait qu'on finit par décrocher et par se lasser de toutes ces épices auxquelles on n'est pas si habitué. D'autant plus lorsque le film est vu à partir d'une vieille VHS Boussivision sous-titrée en arabe et en français, mais plus qu'approximativement (pour les ST français, tout au moins), et quelque peu défraichie par le temps qui passe et l'eau qui a coulé sous les ponts qui enjambent le Gange. Belle jaquette kitschoune en tout cas, avec cette héroïne portant sur ses épaules un léopard débonnaire, une posture rappelant fortement celle qui faisait la beauté de l'affiche du Colosse de Hong-Kong. La première heure passe donc sans souci (à part pour les quelques animaux sauvages victimes de prédateurs), la deuxième rame un peu et c'est d'autant plus dommage que c'est dans celle-ci qu'on retrouve les scènes les plus gratinées et les personnages les plus étonnants, dont quelques guerriers volants.

 

 

Bigbonn

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