Stake Land
Genre: Horreur , Vampirisme
Année: 2010
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jim Mickle
Casting:
Danielle Harris, Connor Paolo, Kelly McGillis, Bonnie Dennison, Michael Cerveris, Nick Damici, Sean Nelson...
 

Dans une Amérique qui n'est plus qu'un chaos politique et économique, depuis qu'une terrible épidémie de vampirisme s'y est propagée, Martin, un adolescent, fait la connaissance d'un chasseur de vampires. Aidé de celui-ci et des rencontres qui jalonnent son périple, il se dirige vers New Eden, une terre située au Nord et qui, paraît-il, serait épargnée par l'épidémie.

 

 

Pour ceux qui ne l'auraient pas remarqué, depuis un certain temps la mode est aux zombies qui cavalent comme des sprinters jamaïquains, et aux vampires "gravure de mode" qui font mouiller les adolescentes en manque de sensations. Heureusement, il reste des alternatives comme Stake Land, une petite production qui ne paye pas de mine, mais qui vaut largement le détour. Oubliez les vampires avec des tablettes de chocolat à la place des abdominaux, les suceurs de sang de Stake Land sont loin d'être aussi glamour, et le vampirisme est ici vécu comme un retour à l'état animal (physique et mental).
Le contaminé n'a plus qu'un but : se rassasier de sang ; et qu'importe la proie, comme le montre le début glaçant où le frère (encore bébé) du jeune héros se fait dévorer. En quelques minutes, le film donne le ton cruel, brutal, effrayant, mélancolique et désespéré de cette histoire. Si les auteurs ne cachent pas leur allégeance au genre (notamment au roman de Matheson), c'est pourtant vers le western que l'on peut trouver la plus grande influence ; ainsi, on ne peut s'empêcher de penser au magnifique "Josey Wales" de Clint Eastwood.

Un solitaire, dénommé Mister, qui fédère autour de lui un petit groupe de désespérés, un apprenti tueur de vampires orphelin dénommé Martin (référence à Romero ?), une soeur, un ancien militaire noir et une chanteuse enceinte... Tout ce beau monde traverse les Etats-Unis du sud vers le nord (car d'après Mister, les vampires ne supportent pas le froid). Le spectacle est à chaque fois le même : ville ou village dévasté ; parmi les reliquats de notre civilisation, il ne reste que quelques cadavres carbonisés de vampires et les restes de leurs proies.
On apprend alors qu'il existe une sorte de hiérarchie au sein des mutants, les plus anciens devenant quasiment invulnérables (ils résistent même aux balles). Leur seul point faible se situe à l'arrière du crâne, autant dire qu'ils sont les plus dangereux.

 

 

Pourtant, au fil du récit et des rencontres, il va s'avérer que les vampires ne représentent qu'un danger mineur comparé à certains humains, devenus des fanatiques religieux qui considèrent nos amis à canines comme une arme divine libérée par Dieu pour purger la Terre. Heureusement, de temps en temps, il subsiste quelques bastions de résistance, des petits villages fortifiés dans lesquels essayent de survivre une poignée de rescapés. C'est dans un de ces havres de paix que s'arrêtent nos globe-trotters, pour être les témoins d'une scène incroyable. En effet, alors que nos héros se reposent au sein d'une petite communauté pour oublier un peu le chaos ambiant, un hélicoptère s'approche et largue des vampires. Incroyable de voir ces créatures tomber du ciel, et se relever pour fondre sur leurs proies. Cette scène fait référence au dire de Willie, l'ex-militaire, qui affirmait que Washington avait était bombardée de vampires. Les mutants deviennent alors, entre les mains de fanatiques religieux, l'arme bactériologique ultime. Des fanatiques qui se croient investis d'une mission divine : purger la Terre des mécréants. Ils transforment leur territoire en no man's land, où les voyageurs imprudents sont abattus (s'ils ont de la chance), dévorés, violés ou livrés en pâture aux mutants. On peut dire que la rencontre entre ces fanatiques et nos héros ne se fera pas dans l'allégresse et la bonne humeur.

 

 

Ce qui étonne dans ce film, outre la diversité des idées drainées par un script particulièrement roublard mais quelquefois saugrenu (comme laisser une femme enceinte seule en pleine forêt), c'est sa qualité technique. Ici, pas question d'image délavée, de montage syncopé ou de filtres de couleur, mais un magnifique cinémascope qui capture par moment des plans superbes d'une nature apaisante (le plus souvent des paysages), comme si le drame qui s'y déroulait ne concernait plus que les humains. Et lorsque la nuit tombe, il ne reste que des ombres furtives et des silhouettes éclairées à la torche.
Pour rendre plausible un tel cauchemar, pas question d'utiliser un quelconque second degré libérateur (voir le marrant "Zombieland"), ni de faire des erreurs de casting (comme Will Smith égaré dans "I Am Legend") ; et il faut bien l'avouer, Stake Land évite habilement les deux. Le film peut en effet compter sur une brochette d'acteurs impliqués, avec en tête l'excellent Nick Damici, co-auteur du script, ami du réalisateur et spécialiste des second rôles ("In the Cut"). A ses côtés, on retrouve le jeune Connor Paolo (la série "Gossip Girl"). Le duo est entouré de seconds couteaux de choix, notamment Kelly Mc Gillis (Top Gun), certes légèrement défraîchie et méconnaissable, mais vraiment touchante, et Danielle Harris, la petite fille des opus 4 et 5 de Halloween, toujours aussi mignonne. Mention spéciale à Michael Cerveris, qui livre un rôle de prédicateur fou assez gratiné ; on regrettera seulement la pirouette un peu grosse pour le faire revenir une dernière fois.

Certes, Stake Land n'est pas exempt de défauts, mais l'ensemble est parfaitement maîtrisé, sans temps morts. Le réalisateur utilise ses décors (friche industrielle, forêt, maisons abandonnées, quelques rues...) avec discernement ; les scènes d'action sont assez brutales et hargneuses (on pense au Vampires de Carpenter) et le scénario nous réserve quelques surprises (comme le vampire "Père Noël", ou les canines prélevées par Mister qu'il utilise comme monnaie d'échange). En résumé, le stakhanoviste Jim Mickle (qui est aussi monteur, scénariste, concepteur de storyboard...) réalise avec son deuxième film une excellente surprise qu'il serait regrettable de manquer.

 

 

The Omega Man


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# Le dvd Entertainment One de Stake Land

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