Secrets of Sex
Genre: Comédie , Expérimental , Sketchs , Nudies , Momies
Année: 1970
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: Antony Balch
Casting:
Dorothy Grumbar, Anthony Rowlands, Kenneth Benda, Yvonne Quenet, Cathy Howard, Mike Britton, Maria Frost, Sue Bond...
Aka: Bizarre / Erotic Tales from Mummy's Tomb / Tales of the Bizarre
 

Cela dure depuis le jardin d'Eden, qui conduisit au Paradis perdu. Quoi donc ? La guerre des sexes, bien entendu ! Depuis l'origine des temps, femmes et hommes s'entendent (parfois), se détestent (beaucoup), et se trahissent sans vergogne bien que ne pouvant vivre les uns sans les autres. Un constat cruel, et sans appel, que nous relate une momie au début d'une histoire fragmentée en six parties. Oui, vous avez bien lu... une momie ! Ah, autrefois, mille ans auparavant, elle était un homme... qui aimait une femme... qui était mariée... et dont le mari était jaloux. Très jaloux, en fait, un juge qui rentra un soir à l'improviste, et devina que son rival s'était caché dans une malle. Il la fit enterrer par ses serviteurs, et c'est ainsi que périt l'amant infortuné. Enfin, pas tout à fait, puisque par magie, il devint une momie, et put tout à loisir observer, pendant dix siècles, la guerre impitoyable que se livraient les deux sexes. Et afin d'appuyer ses propos, notre mort vivant nous raconte alors six anecdotes particulièrement frappantes...

 

 

Réalisateur de seulement deux longs métrages, cet étrange Secrets of Sex et le plus connu La griffe de Frankenstein (Horror Hospital, 1973), un fort sympathique film d'horreur doté d'une bonne dose d'humour noir, Antony Balch n'en reste pas moins une figure majeure du cinéma d'exploitation au Royaume-Uni. Né en 1937, Balch est attiré très jeune par le cinéma, donc, notamment les films d'horreur (adolescent, il aura l'occasion de rencontrer Bela Lugosi). Durant les sixties, cette passion s'affirme. Lié au mouvement de la Beat Generation et ami proche de l'écrivain William S. Burroughs, Anthony Balch va orienter sa carrière dans la distribution de films. C'est ainsi grâce à lui que les Britanniques auront la possibilité de découvrir des oeuvres comme "Haxan, la sorcellerie à travers les âges" ou Mais ne nous délivrez pas du mal. Surnommé The Abominable Showman, ce personnage atypique aux allures de dandy décadent meurt prématurément à l'âge de quarante deux ans, emporté par le cancer.

Secrets of Sex est un patchwork plus ou moins digeste dans lequel plusieurs genres essaient de cohabiter tant bien que mal. Si le choix scénaristique est celui du film à sketchs, il faut savoir que le premier du lot n'intervient qu'après le premier quart d'heure. Auparavant, le spectateur aura été confronté à un flot quasi ininterrompu d'incongruités en un temps record. Cela commence avec une femme et deux hommes nus s'observant dans une grange remplie de paille. On poursuit avec les événements relatant l'aventure vécue par notre momie. Après le générique, on assiste à une dizaine de minutes totalement délirantes (probablement le meilleur moment du film) consistant en une suite de tableaux montrant des femmes et des hommes dans toute leur jeunesse et leur beauté, d'abord séparément, puis répartis en deux groupes. Le premier groupe, celui des nanas, se livre à un striptease en dansant, ponctué par des huées. Il s'en suit des projections de fruits et légumes pourris à l'encontre de ces ravissantes demoiselles. Le second groupe, celui des hommes, arrive alors, torse nu et mitraillette au poing. La guerre est déclarée !

 

 

Dire que Secrets of Sex est une oeuvre hétéroclite relève de l'euphémisme. Et résumer la demi-douzaine de sketchs proposée n'est pas aisé, tant on trouve tout et n'importe quoi. Une chose est sûre, il ne faut pas considérer le film comme érotique à proprement parler. Certes, il y a des corps dénudés, et le tournage s'est déroulé en 1969, année érotique s'il en est ; mais cela dit, Antony Balch donne plus dans le "Bizarre" (titre américain du film) que dans le sexe.
Cet "Inventaire" digne du poème de Prévert (sans les ratons laveurs) débute par une séance photo tendance SM-torture, avec derrière l'appareil une femme pour qui le snuff est un aboutissement de l'art. Son modèle masculin l'apprendra à ses dépends. La deuxième histoire nous convie chez un couple dont l'homme est bien plus âgé que la femme. Lui a perdu son unique fils dans un accident de voiture provoqué par son ex-femme, elle est atteinte d'une maladie génétique héréditaire. L'homme aimerait tant avoir un autre fils. Elle lui en donnera un, mais à quel prix ?
Le troisième sketch voit l'occupant d'un appartement prendre un cambrioleur la main dans le sac. Mais le voleur s'avère être une jolie jeune femme. Il renonce à appeler la police en échange de quelques galipettes (la main dans la culotte, c'est plus sympa). Mais chassez le naturel, et il revient au galop.

 

 

La momie revient en fil rouge entre deux histoires, évidemment, tandis que le quatrième récit s'apparente à une parodie d'espionnage dans laquelle vient s'intercaler un (faux) film muet. Un délire nonsensique où l'héroïne, l'Agent 28, a pour mission de retrouver ses vingt-sept prédécesseurs (toutes des femmes), qui ont disparu sans laisser de traces. Son enquête la mène dans une ambassade. Elle retrouvera ses collègues saines et sauves, à l'intérieur d'un... coffre-fort ! Le cinquième sketch achève de nous entraîner dans l'absurde, avec ce jeune homme tourmenté qui "commande" une call-girl par téléphone. Le garçon perturbé est en fait amoureux de son animal de compagnie, un iguane, et souhaite trouver la partenaire idéale pour un ménage à trois. Pas sûr que cela plaise à la blonde mamelue débarquant chez lui...
Enfin, la dernière histoire se déroule dans une serre. Une femme d'un certain âge arrose ses fleurs en compagnie de son majordome, lui révélant que les fleurs renferment les âmes des dix-sept amants qu'elle a eu dans sa vie.

 

 

Afin de boucler la boucle, le film s'achève comme il avait commencé, avec le trio dans la paille, puis nos mâles virils qui menaçaient les donzelles avec leurs gros appareils (enfin... les mitraillettes, quoi). Vont-ils jeter les armes, faire l'amour et pas la guerre ? Vous le saurez en regardant... Quoi que... Je me demande si cette momie ne s'est pas un peu foutue de ma gueule en parvenant à me retenir une heure et demie devant ce spectacle vraiment... bizarre.
Toutefois, le film demeure un témoignage de l'époque, celle du Swinging London et de la révolution sexuelle. Et puis le casting, avec une kyrielle de jolies damoiselles et de beaux jeunes hommes, sera en mesure d'emporter l'adhésion de chaque sexe. Pas de quoi déclarer la guerre, en définitive.

 

 

Note : 6/10

Flint

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