Maison de la terreur, La
Titre original: La Casa con la scala nel buio
Genre: Giallo
Année: 1983
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Lamberto Bava
Casting:
Andrea Occhipinti, Lara Naszinsky, Anny Papa, Valeria Cavalli, Michele Soavi...
 

Voici une relative bonne surprise, un film qui fit et fera les beaux jours des soirées entre bièristes, doublé à mon sens, du meilleur film de son auteur, l'irrespectueux, voir l'irrespectable ou encore l'irrespecté Lamberto Bava, fils de... C'est simple, on flippera (un peu) et on se gondolera pas mal à la vision de cet ersatz non négligeable pour autant, où le fils retrouve le(s) père(s), le tout sous influence manifeste du De Palma de "Blow Out" et "Pulsions", voire Hitchcock, quoiqu'on arrive à ne plus savoir tant les uns ont emprunté aux autres... Il est rigolo de voir comment les genres parfois prennent leur source à un endroit précis, pour être détournés ensuite (De Palma n'a finalement quasiment réalisé que des Giallos dans les années 70), pour finalement retourner vers ses pères géniteurs, où les fils des pères, comme c'est le cas ici.
De par le cadre où il se déroule, il est difficile de ne pas penser également à un autre maître-film dont Lamberto Bava fut du reste assistant, à savoir le fabuleux "Ténèbres" sorti l'année précédente et que l'on peut voir à ce jour comme le dernier grand film du genre.
Bref, voici notre personnage principal, Bruno qui, afin de composer la partition d'un film d'horreur, loue une Villa, afin de pouvoir y créer en toute quiétude.
Pas mal d'évènements singuliers vont assez vite interpeler notre héros ; ce dernier va d'abord retrouver une partie de ses bandes saccagées, avant de tomber sur des tâches de sang pour le moins énigmatiques, tout comme la présence d'une porte verrouillée au sein du loft, puis comble du comble et tandis que les comportements des gens gravitant autour de lui semblent de plus en plus étranges, les disparitions vont alors se multiplier dans des circonstances pour le moins sauvages. Bruno, lui, tente de faire fi de ces détails (?!), afin de poursuivre son travail de composition ; mal lui en prend, et le pauvre inconscient va vivre un enfer croissant...

 

 

Malgré une mise en abyme intéressante du genre, il est clair qu'il faut savoir s'armer d'un solide second degré pour apprécier la chose et si on le compare à "Ténèbres", ne serait-ce de par la ressemblance des deux villas où se déroulent les actions respectives, pareil, "La Maison de la Terreur" ne tient pas le coup. C'est simple, il y a d'entrée ici quelque chose qui ne fonctionne absolument pas :  les acteurs. Ceux-ci sont soit, fades à l'instar du personnage principal joué par Andrea Occhipinti qui semble assez peu préoccupé dans l'ensemble par tout ce qui se passe ; il est vrai que celui-ci est doté d'un charisme assez proche du néant, mais bon passons ; le problème à cet égard et même si l'on est content de trouver Michele Soavi (piètre acteur également, il faut bien l'admettre), ce sont les dialogues peu crédibles qu'ont à défendre ces acteurs.
Une femme qui sort d'un placard ou de derrière un double-rideau, avec un couteau ressemblant à s'y méprendre à tous ceux utilisés au sein du genre, se justifiant ainsi : "J'ai eu peur, je me suis cachée là !", prête à bouffonner plutôt qu'à la peur ; faut dire qu'ayant évoqué les personnages masculins et leur manque de substance, les femmes ne sont pas mieux servies, c'est peu dire ; on les préférera ici finement charcutées que dialoguant comme dans une sitcom de la Raï.
Ceci dit, Bava fils semble assez peu concerné par les personnages et il n'y a qu'à regarder sa filmographie et ses films pour s'apercevoir que niveau dialogues, on est soit en présence d'un grand humoriste, soit d'un type absolument pas concerné par la chose ; il n'y a qu'à regarder l'un des ses films les plus connu, son "Démons" qui est un régal de répliques débiles et personnages mongolos en tous genres.

 

 

Pour ma part, il est certain qu'un autre Giallo tardif comme "Bloody Bird" de Michele Soavi justement, lui est bien supérieur à presque tous les niveaux.
Les plans suggestifs du tueur ici, prêtent également davantage à rire qu'à flipper, tant le trait est forcé, mais... mais pourtant, il y a ça et là de belles choses qu'on aurait tort de négliger et si l'on est un tant soit peu attentif, et pas trop plié en deux, il y a là-dedans de très bonnes idées ; la composition de Bruno qui vient le terroriser et sert de bande son pour le film même est une idée moyennement exploitée mais très bien vue ; de même, la réalisatrice qui se fait étrangler par la pellicule de son propre film est une idée astucieuse et remplie d'humour (là, c'est plus sûr !), tout comme ce tueur qui au sein d'une scène assez mémorable (oui, il y en a !), prend tout son temps pour nettoyer son meurtre pas piqué des hannetons d'ailleurs et qui reste longtemps dans la mémoire.
Dommage alors que tout ceci soit si inégal et dans les intentions et dans le traitement... Un cutter comme arme de crime, oui, pourquoi pas, mais à la façon dont Bava Jr suit l'instrument en question, on ne sait pas trop s'il s'agit là d'humour ou d'une tentative de varier l'arme blanche, mais quoiqu'il en soit, à l'écran, ça n'est pas loin de faire le même effet qu'un psychopathe qui se promènerait avec une agrafe rouillée en guise d'arme de crime...
En revanche la musique à tendance électronique d’époque n'est pas si mauvaise et bien utilisée, si bien que certaines scènes de pure terreur se voient soulignées avec talent par les frères De Angelis.

 

 

Alors que reste t-il de tout ça après vision ? Le sentiment d'avoir vu un bon Bis malgré lui, empli d'excès et de défauts absurdes, et ce n'est jamais que quand les personnages ne parlent pas, qu'aucune explication n'est donnée, que le film est au diapason ; à cet égard, la première partie du film est plus réussie que la seconde qui se perd en conjonctures et autres fausses pistes inutiles, voire hilarantes.
En revanche, un film qui recèle à la fois d'autant de bonnes que de mauvaises idées d'un plan à l'autre, l'amenant un coup dans l'effroi réel, un coup dans le comique involontaire, c'est un film où l'on ne s'ennuie pas, et rien que pour ça, je prends. De justesse, il est vrai, un peu au repêchage aussi, mais je persiste à prendre.

 

Note : 5,5/10

 

Mallox
A propos du film :
# La Maison de la Terreur n'a été que tardivement exploité en salles en France ; ce n'est qu'en 1987 que celui-ci s'est vu distribué. Entre temps, il a également été exploité comme une série télévisée de 8 épisodes en Italie.

# C'est Sergio Martino qui a produit La Maison de la Terreur, alors qu'il venait de faire l'acquisition de l'immense villa qui fera ensuite le décor du film ; Martino, emménageant trouva qu'il y avait là, matière à un bon film de genre et proposa à Dardano Sacchetti (Démons / Amityville 2 / Frayeurs / L'Au-delà / La Baie Sanglante) de pondre un scénario.
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