Mort était au rendez-vous, La
Titre original: Da Uomo a uomo
Genre: Western spaghetti
Année: 1967
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Giulio Petroni
Casting:
Lee Van Cleef , John Phillip Law, Carlo Pisacane, Luigi Pistilli, Anthony Dawson, Mario Brega...
 

Un jeune enfant, caché derrière une armoire, assiste impuissant au massacre de sa famille par quatre bandits. Quinze années plus tard, sa soif de vengeance ne s'est pas tarie et il s'engage alors dans une recherche des coupables sans relâche . Le voici alors rejoint et même doublé par un homme énigmatique qui, tout juste sorti de prison, semble être à la recherche des mêmes renégats. Les deux hommes vont alors s'associer, exception faite que leur motivation ne s'avèrera rapidement pas la même, et ne cesseront de vouloir se doubler afin de parvenir à leur but avant l'autre. Une surprise sera peut-être au rendez-vous en même temps que la mort : les bandits n'étaient alors pas quatre, mais peut-être bien cinq…

 

 

Da Uomo a uomo est un beau Western aux talents conjugués. Oui, la vengeance est un plat qui se mange froid, et même bien frais serai-je tenté de dire, pour un plat copieux et de qualité.

 

Peut-être pas aussi instantanément revigorant que les meilleurs films de Sergio Corbucci, clairement pas aussi engagé qu'un Sergio Sollima, Da uomo a uomo débute pourtant de façon splendide : d'entrée il n'y a pas à tergiverser, on voit vite qu'on a affaire à une livraison supérieure du genre. L'atmosphère nocturne, sous une pluie battante, avec ces tueurs qui arrivent pourvus d'un foulard pour massacrer une famille entière sous les yeux de l'enfant (qui deviendra plus tard une espèce d'ange rédempteur un peu trop immature et donc un peu trop échaudé pour bien faire), donne le ton. C'est violent, sublimement cadré et photographié et on est d'entrée plongé dans l'un des meilleurs prologues de l'histoire du western all dente.


On pensera alors un peu à "Il était une fois dans l'ouest" tourné la même année, mais pas plus, et dès lors le film fait un saut dans le temps et l'on retrouve l'enfant, devenu alors adulte, campé par un John Phillip Law qui n'a pas encore tourné "Barbarella" et autres Danger : Diabolik ; c'est là qu'est le point faible du film. En effet, ce grand gaillard a pour lui de mesurer près de deux mètres, d'être blond et d'avoir des yeux d'un bleu océanique, mais il a surtout contre lui d'avoir aussi peu de charisme que son cheval. Heureusement que ce bon Lee Van Cleef, ici au meilleur de sa forme, vient le rejoindre dans sa quête de vengeance. Les deux hommes n'ont pas les mêmes raisons ni le même but et, dans un jeu pervers qui fera office de scénario, ils ne cesseront de se doubler afin d'obtenir réparation.

Schéma classique certes, mais qui fonctionne parfaitement. On pourra reprocher au film un aspect un peu répétitif à la longue, mais il faut souligner combien Van Cleef porte le film sur ses vigoureuses épaules en apportant consistance, épaisseur ainsi qu'une puissance qui manque cruellement à son compère pour achever de faire ce duo là une association qui, non seulement finit par fonctionner, mais qui plus est, prend l'une des places majeures au sein du genre.

Pour en finir avec les représentants d'un genre quasi-disparu au milieu des années 70, on ne dira jamais assez combien certains acteurs ont carrément fait exister le genre, et l'on citera en vrac les plus notoires, à savoir, les imparables Milian, Nero, Volonte, Kinski, sans qui franchement le chant du signe aurait pu résonner bien avant, en n'oubliant bien entendu pas tous les seconds couteaux comme José Torres, Bruno Corazzari, Anthony Dawson, Mario Brega et surtout Luigi Pistilli, qui vient ici une fois de plus sévir sans états d'âme, ce, avec un énorme talent.

 

 

L'autre grand acteur du film, une fois de plus, c'est le génial Ennio Morricone qui offre là, l'une de ses compositions les plus tordue et originale de sa carrière (avec même quelques résonances de sa partition à venir pour le "The Thing" de Carpenter) et permet bien souvent au film de déployer entièrement ses ailes et décoller vers des cieux insoupçonnés, non exempts de malice et de finesse. Et à Giulio Petroni, réalisateur chevronné exerçant depuis 1959 au sein d'un peu tous les genres (péplums, comédies, polars...), et dont ce n'est pas la seule incursion dans le genre (Tepepa / "On l'appelle Providence"), de signer probablement son meilleur film.

Si celui-ci étale d'entrée de jeu tout son talent dans le prologue évoqué ci-dessus, ce talent ne se dément jamais ensuite : la façon dont il exploite des décors rocailleux désolés, est également à noter d'une pierre blanche (sans jeu de mots).

A contrario, le scénario, basé sur le précept : "Attends moi que j'te double", lui donne des allures humoristiques bienvenues. Il n'en va pas tout à fait de même pour les Flash back à tendance très "psycho-acid" dans ses couleurs très "poppies", lesquels, il faut bien le dire, sont à la fois la limite du film, en même temps qu'il participe à son charme un brin désuet. Ce qui en revanche choque davantage, ce sont des signes distinctifs ostensibles qui font reconnaître au personnage campé par John Phillip Law, les agresseurs de son enfance : une immense cicatrice, une boucle d'oreille façon Bianca Castafiore, un tatouage en carré d'as absurde, ainsi qu'un pendentif un peu trop facilement étalé, tenant de la facilité de script.

 

 

Quoi qu'il en soit, malgré ses défauts, La Mort était au rendez-vous demeure un spectacle fort plaisant, quasi-incontournable, contenant nombre de scènes marquantes (voir Lee Van Cleef prenant un malin plaisir à laisser enfoui sous terre son comparse), une sorte de récit initiatique à deux têtes, finaud et malicieux, pour un western somme toute très gratifiant.

 

Mallox
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