Aventures du capitaine Marvel, Les
Titre original: Adventures of Captain Marvel
Genre: Science fiction , Aventures , Comics / Mangas , Serial
Année: 1941
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: William Witney et John English
Casting:
Frank Coghlan Jr., Tom Tyler, Robert Strange, John Davidson, Bryant Washburn, Harry Worth, Louise Currie, William Benedict, ...
 

Au pays des serials, en voici un qui est aussi sympathique que réussi, réalisé, une fois de plus, par le duo vedette de la société Republic, Witney et English.
Tiré d'un personnage de BD créé un an plus tôt par Charles Clarence Beck et publié par Fawcett Publications (et rappelant fortement une autre figure déjà très populaire, Superman bien sûr !), les douze épisodes qui constituent l'ensemble de ces aventures mettent en scène un jeune homme simple, franc et souriant mais pas franchement costaud, Billy Batson et son double autrement plus viril, au buste dressé et ne craignant pas les balles : Captain Marvel.
Le secret de cette double personnalité n'en est pas vraiment un puisqu'il nous est révélé dès le premier épisode, lors de l'intrusion dans un temple sacré en terre de Siam de quelques explorateurs et du petit Billy. Alors que les premiers ne penseront qu'à s'emparer du scorpion du temple et de ses lentilles aux pouvoirs magiques, malgré les mises en garde de leur précieux guide, Tal Chotali, Batson s'éloigne un peu pour ne pas devenir, lui aussi, une sorte de profanateur. Et c'est comme ça qu'au lieu d'être victime de la malédiction du scorpion (qui n'est pas sans rappeler celle des pharaons), il tombe nez à nez avec le vieux Shazam, barbu en toge qui lui accorde le pouvoir de devenir Captain Marvel rien qu'en prononçant son nom... Shazam, donc ! Et wooosh ! explosion, fumée ! et hop ! muscles, collants et petite cape pour notre super-héros qui se voit doté de : la sagesse de Salomon, la force d'Hercule, l'endurance d'Atlas, la puissance de Zeus, le courage d'Achille, la vitesse de Mercure (en reprenant leurs initiales : SHAZAM !)

 

 

C'est donc au coeur d'une contrée aussi ancestrale que superstitieuse que la magie s'est emparée de Billy Batson pour le muer en sauveur inespéré d'une troupe de scientifiques aux prises avec un tueur prêt à tout pour leur voler le fruit de leurs fouilles (à savoir des lentilles de verres), les associer à la statue du scorpion et, comme cela, devenir le maître du monde, au moins !
Chouette : le héros est double et plutôt réussi et le méchant reste inconnu mais bien teigneux. Et, plus encore, son identité restera vraiment trouble jusqu'au dernier épisode, les scénaristes multipliant les fausses pistes et les regards souvent équivoques des savants laissant souvent planer le doute sur leurs véritables intentions et sur leur identité réelle.
La structure de l'ensemble est fort classique : 12 épisodes aux titres prometteurs (au hasard : La malédiction du scorpion, La mort en plein vol, La lentille de la mort, Le navire perdu, ...), chacun commençant par un bref résumé de la fin du précédent et reprenant même sa dernière séquence pour permettre au spectateur de raccrocher les morceaux depuis la semaine d'avant. Seul le premier épisode se distingue un peu : un poil plus long, il présente les personnages avec leurs photos et il permet de mettre en place l'intrigue qui tiendra en haleine les afficionados jusqu'au dénouement (qui verra, figure classique, le méchant tomber dans l'un des pièges qu'il aura tendu à ses adversaires...)
Détail amusant : le générique place, parmi le nom des acteurs, celui du bad guy : le scorpion, comme si celui-ci incarnait son propre rôle mais surtout pour laisser planer le doute sur celui des personnages à qui revient le costume du salaud de service !

 

 

Du Siam et de ses pièges à l'Amérique profonde, il n'y a qu'un pas à franchir, ou presque, et c'est donc sur des terres américaines que le Captain Marvel pourra montrer ses multiples talents, du vol supermanesque à l'affrontement de balles qui ne lui feront ni chaud ni froid.
Sans arme autre que sa force surhumaine, il se retrouvera aussi aux prises avec une guillotine tranchante, des rochers fondants, des éboulements provoqués ou encore des explosions programmées.
Le charme de l'ensemble, outre les multiples rebondissements et le jeu de piste pour essayer de deviner qui de ces savants au regard fuyant et au sourire crispé est le Scorpion, reste bien sûr dans les pièges tendus aux gentils (le brave Billy bien sûr, Melle Wallace et le bon Withey, au physique de Stan Laurel) et à leurs façons de s'en sortir...
Comme toujours, la mise en scène aide à faire monter la tension, en présentant toujours de façon biaisée les dernières scènes de chaque épisode, de façon à ce que l'on ne puisse que croire à la mort certaine des héros ! (tout en sachant que non, bien sûr, puisque la suite interviendra au prochain épisode avec les mêmes héros!)
L'art de Witney et English, lorsqu'il est réussi, comme ici, réside dans cette alchimie improbable qui les voit mixer des événements peu crédibles à des personnages sommairement esquissés et à la crédibilité très très relative et à réussir néanmoins à capter leur auditoire, à le clouer sur son siège et à le faire sourire, frémir, trembler avant de pousser des grands ouf de soulagement.

 

 

Pour un gamin de 12 ans des 40's, le Captain Marvel devait représenter le héros ultime, celui à qui chacun rêvait de s'identifier, celui qui le ferait pousser des shazam ! désespérément vains et mimer le vol de son idole dans les cours d'école ou les jardins familiaux.
Aujourd'hui encore, pour celui qui n'est pas complètement blasé ni lassé des super-héros dont les comics et les films US nous ont abreuvés jusqu'à plus soif, la magie fonctionne encore. Disons juste qu'elle se nimbe d'un peu de recul et parfois d'un sourire distancié devant le regard de benêt de Tom Tyler qui incarne un Marvel monolithique et super fort mais dont on voit bien qu'il est doublé pour les cascades, mêmes modestes, comme traverser une porte en carton pâte...
Quant à Billy Batson, il fait franchement penser à Tintin, le petit reporter, depuis le physique jusqu'à ses premières aventures, très serialesques, elles aussi.
Allez, s'il faut émettre un petit bémol, ce sera juste dans le mot permettant à Billy de devenir le Captain : shazam. S'il sonne bien à l'oreille, Billy le prononce sans force, aussi banalement qu'il demanderait "un pain" à la boulangerie, bref, sans lui donner l'aura d'une formule magique. Un shazam crié aurait eu plus de gueule. Mais bon, c'est là un regret bien léger et l'ensemble est très sympathique et plutôt réussi.

 

 

Bigbonn



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# Dossier "Hollywood et le Serial"

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