Course à la mort de l'an 2000, La
Titre original: Death Race 2000
Genre: Anticipation , Road-movie
Année: 1975
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Paul Bartel
Casting:
avec David Carradine, Sylvester Stallone, Simone Griffeth, Mary Woronov, Roberta Collins...
Aka: Les seigneurs de la route
 

En l'an 2000, les Etats-Unis dominent le monde et sont dirigés par le Parti Uni (et unique) du Président omnipotent. La population est divisée en deux : d'une part, les masses populaires, qui possèdent peu et vivent chichement, d'autre part, la classe des privilégiés qui connaît l'abondance. Pour conserver son pouvoir et diriger "son" peuple, le Président utilise les médias, à sa botte, et la grande course Transcontinentale qui voit s'affronter pilotes et véhicules dans une grande traversée du pays, sauvage et meurtrière.

Héros de la course: Frankenstein, couronné de deux titres et refait des pieds à la tête. En effet, au fil des courses, il a perdu un bras, une jambe, un œil, sa mâchoire inférieure, il a été gravement brûlé, bref, c'est un rescapé du rodéo vers l'ouest couturé de toutes parts et cachant son visage devenu trop laid derrière un masque.

 

 

Autres participants : Machine Gun Joe Viterbo, grande gueule et brute épaisse, hargneux et violent ; Calamity Jane et son véhicule à cornes de taureaux géantes; Mathilda la nazie et son copilote, Herman the German; Néron enfin, accompagné de Cléopâtre. Cinq voitures en lice et une règle simple : traverser le pays, depuis New-York jusque New Los Angeles, en accumulant les points. C'est-à-dire en tuant le maximum de monde sur la route, en particulier vieillards et enfants, qui sont ceux qui rapportent le plus.

Cette année néanmoins, il y a un candidat de plus : la résistance. Passive depuis pas mal de temps, elle est bien décidée à se faire entendre et à se lancer dans un bras de fer avec le Président visant à mettre fin à cette course cruelle et inhumaine, à abolir les privilèges et à restaurer les libertés perdues. Pour cela, plusieurs moyens : brouiller l'information officielle pour lancer un appel au peuple par le biais de Tomasina Pain, sa vieille et digne représentante; mais aussi s'attaquer directement aux participants à la course, en recourant à leur élimination physique au besoin, par des attentats, des poursuites à motos ou des bombardements depuis un avion!

 

 

On le voit, si l'intrigue se fonde sur un road-movie fun et violent, le fond n'est pas dénué de contenu politique. Le pouvoir médiatique, incarné par trois journalistes aux styles différents (l'enthousiaste à tête(-à-claques) de Christian Clavier, la flagorneuse qui voit dans tous les participants des "très chers amis à moi", et le blasé au ton uniforme) a oublié tout esprit critique pour n'abonder que dans le sens du pouvoir et ne dit que ce qu'on lui permet de dire. Le pouvoir politique manipule tout le monde par l'intermédiaire de cette télévision aux ordres, et refuse de reconnaître la possibilité même d'une contestation intérieure pour mettre les attentats sur le compte d'un ennemi extérieur... les Français! Du pain et des Jeux, depuis la Rome antique, on n'a pas inventé mieux pour anesthésier le grand public et lui offrir un défoulement libérateur qu'il ne retournera donc pas vers ses seigneurs et maitres. Pendant que les fans d'une équipe abreuvent d'injures ceux des autres équipes, ils ne pensent pas à se révolter, vive le sport! L'asservissement des esprits est tellement marqué que certains s'offrent même en sacrifice aux pilotes meurtriers.

 


Mais derrière le volant (ou la boite à gants) et les rugissements du moteur, Frankenstein et sa navigatrice portent chacun un masque : réel pour le premier, pour dissimuler son vrai visage (et, au-delà du visible, ses pensées profondes), avenant pour la seconde, cachant ses intentions réelles sous un vernis de professionnalisme dévoué.

La force du film de Paul Bartel réside dans le savant mélange d'ingrédients très différents : action, violence, humour (notamment dans les choix de Frankenstein pour ses victimes de la route, comme lors de la journée de l'euthanasie, mais aussi dans son final, jubilatoire) et réflexion politique (basée sur un esprit de résistance salvateur). Sans oublier le design des voitures, très cartoonesque (on n'est pas loin des fous du volant), et qui permettent des séquences bien délirantes comme cette corrida furieuse entre un torero improvisé et la voiture-taureau de Calamity Jane.

 


Pouvant se lire à plusieurs degrés, "La course à la mort de l'an 2000" est un spectacle qui garde toute sa saveur plus de 30 ans après et surtout toute sa pertinence. Un excellent crû produit par Roger Corman, à déguster sur les chapeaux de roue.

 

Bigbonn
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