mallox Super héros Toxic
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Posté le: Dim Déc 24, 2017 6:59 am Sujet du message: [M] [Crêchetique] Les Fauves meurtriers - 1963 |
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Les fauves meurtriers - 1963
(Black Zoo)
Origine : États-Unis
Genres : Épouvante / Horreur / Agressions animales
Réalisé par Robert Gordon
Avec Michael Gough, Jeanne Cooper, Rod Lauren, Elisha Cook Jr., Virginia Grey, Edward Platt, Marianna Hill, Warrene Ott, Baron le tigre, Kwan le léopard, Zamba le guépard, Nero le lion, Tammy la lionne, Victor le gorille...
Autres titres : L'Armée sauvage / Terreur au zoo / Le Zoo meurtrier
Le directeur d'un zoo de Los Angeles, Michael Conrad, est totalement dévoué aux animaux, au point de sombrer dans une folie meurtrière...
Co-produit par la firme hollywoodienne Allied Artists (La Nuit de tous les mystères) et Herman Cohen, il s'agit de la troisième collaboration entre producteur cité avant et le scénariste Aben Kandel ("I Was a Teenage Frankenstein", Trog...) avec, en vedette, l'acteur Michael Gough. Une triplette à qui l'on doit déjà les britanniques "Crimes au musée des horreurs" et "Konga", et qui récidivera avec Le cercle de sang. La mise en scène est confiée à Robert Gordon (Le monstre vient de la mer, 1955) qui est secondé par le très talentueux directeur de la photographie Floyd Crosby, fort d'une immense carrière depuis "Tabou" de .W. Murnau. En effet il vient d'enchainer les travaux pour Roger Corman, accouchant de classiques tels que La chute de la maison Usher, La chambre des tortures, L'enterré vivant, "L'empire de la terreur", Le corbeau et s'apprête à shooter La malédiction d'Arkham. Autant dire que sur le papier, ça sent bon, et le fauve, et le gorille, et la réussite...
Hélas, à l'arrivée ce n'est pas tout à fait le cas et Black Zoo pâtit de bien des faiblesses. Le scénario illustré semble un peu vide, manquant de morceaux de bravoure et de meurtres tandis que Michael Gough a beau livrer une prestation impeccable, la mise en scène de Robert Gordon n'est pas au niveau. L'acteur se retrouve à plusieurs reprises pris au piège dans des scènes qui dépasseraient les limites du grotesque et du ridicule si elles n'étaient pas jouées par un acteur au talent d’illusionniste ; il faut d’ailleurs faire preuve d'une certaine complaisance pour accepter la cérémonie à l'aide d'un bébé tigre afin que les animaux du zoo, les dieux des lieux, préservent leur domaine. Il faut bien dire aussi que la cause qui veut qu’on mène un combat pour garder le droit de rester emprisonné tient du paradoxe éléphantesque. Le déroulement de l'intrigue semble également trop lent, laissant du coup entrevoir les failles d'un script où certaines séquences tiennent du remplissage : le policier (campé par Edward Platt) tirant des conclusions de l'intérieur de son commissariat paraît dispensable, tout autant que les petits intermèdes mettant en scène nos rigolos petits chimpanzés, évoquant les numéros de caniches que l'on trouvera plus tard dans le faiblard Berserk!. Enfin, le montage alterné illustrant des félins pénétrant les uns après les autres le même décor est si mal raccordé qu’il évoque uniquement une cohabitation impossible entre les différentes espèces. Une unique scène en intérieur, au sein de laquelle les félidés sont réunis et vautrés groggy sur des canapés, fait illusion à ce niveau.
Black Zoo souffre également de la présence en son sein d'un gorille de pacotille, de la même espèce que celle aperçue dans les "Gorilla at Large" ou "Konga" et qu'on reverra dans le piteux Trog de Freddie Francis, toujours aux côtés de Michael Gough, avant de faire le bonheur tout parodique d'un John Landis et de son Schlock. Mais Les fauves meurtriers possède aussi des qualités et recèle de beaux moments : une scène de meurtre à laisser muet, un zeste de sadisme récurrent où des gens se font bouffer tout cru (agrémenté de plans suggérant des litres d'hémoglobine et de viande hachée), ainsi qu'une façon habile de débuter le récit puis de le clôturer, offrant deux scènes funestes, généreusement photographiées, se déroulant sous la pluie battante.
Au niveau du casting, il bénéficie d'interprétations (et de screaming girls) de qualité. Elisha Cook Jr. a tort de ne pas s'en laisser compter et d'avoir bouffé du lion ; Jeanne Cooper (The Intruder), Madame Gough à l'écran, donne une réplique de grande qualité et tient tête avec vigueur et endurance à son psycho killer animalier de mari ; idem pour la vétérane Virginia Grey (Tarzan à New-York, Who killed Doc Robbin?, L'île inconnue, Objectif Terre,...) qui fait le maximum dans un rôle secondaire ; à noter le passage plus furtif de Marianna Hill, ici en étudiante en dessins venue exercer ses talents dans le zoo ; elle retrouvera Elisha Cook Jr. dans Messiah of Evil.
Quant à Rod Lauren, de son vrai nom Roger Lawrence Strunk, s'il fait l'affaire malgré des airs trop tourmentés façonnés par l’Actor Studio et ses Rebels without a cause, Black Zoo fait partie d'une série de six films (dont "Terrified" de Lew Landers et "The Crawling Hand" de Herbert L. Strock) tournés en à peine un an et qui composent une bonne moitié de sa filmographie.
Finalement, la qualité de Black Zoo est à juger à l'aune du travail de son directeur artistique, William Glasgow, indissociable du cinéma de Robert Aldrich tout comme de celui d'Edward L. Cahn (It! The Terror from Beyond Space, Curse of the Faceless Man, "Invisible Invaders", "The Four Skulls of Jonathan Drake",...) : un travail certes inégal ici, oscillant entre le somptueux et le paresseux.
Mais si vous souhaitez admirez les talents d'organiste de Michael Gough qui évoquent avant l'heure ceux de William Finley dans le "Phantom of the Paradise" de De Palma, la visite de ce zoo est plutôt conseillée.
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Dernière édition par mallox le Mer Oct 03, 2018 12:05 pm; édité 7 fois |
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