Hansel et Gretel (1990)
Titre original: Hansel e Gretel
Genre: Gore , Horreur , Fantastique
Année: 1990
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Giovanni Simonelli (et Lucio Fulci, non crédité)
Casting:
Silvia et Massimiliano Cipollone, Elisabete Pimenta Boaretto, Lucia Prato, Ronald Russo, Maurice Poli, Georgio Cerioni, Mario Sandro De Lucas, Renzo Robertazzi, Paul Muller...
 

Deux enfants sont capturés puis assassinés par une organisation criminelle qui s'adonne au trafic d'organes. Les deux gamins reviennent alors, prenant la forme de fantômes assassins. Ils vont s'escrimer à prendre leur pied dans une vengeance sanglante bien méritée tandis que le spectateur se prendra quant à lui une belle dégelée...

 

 

Difficile de se montrer clément avec cet ersatz tardif d'enfants tueurs qui se rapproche au final autant du piètre Une si gentille petite fille d'Eddy Matalon que du tout venant de la production fulcienne, même tardive. Soit, Giovanni Simonelli rend son tribut au réalisateur romain (quand ce n'est pas Fulci lui-même qui s'auto cite) via une succession de suicides ou d'accidents provoqués, alignés 90 minutes durant comme des plans de laitues défraîchies. Très vite, l'histoire, pourtant porteuse à la base, se limite à un plan sur l'un des deux enfants lorsque ce ne sont pas les deux, pour, en contre-champ, accoucher de son exaction et de sa sanction sans appel que la caméra vient ensuite capter avec une sorte de pseudo-complaisance inhérente à la dernière période fulcienne mais aussi et surtout de façon mécanique. S'enquille alors un quota décent de scènes gores, tout droit sorties de l'oeuvre de celui que certains nomment encore à ce jour le pape du gore malgré une carrière bien moins limitée que cette vaine et réductrice appellation. Les fusils se retournent contre leurs possesseurs, les cervelles explosent contre les murs, les douches rafraîchissantes se transforment en bouilloires à vapeur muant les chairs fraîches en lambeaux, ailleurs un oeil sort de son orbite pour pendouiller au bout d'un clou assassin fermement attaché au mur, tandis que d'autres encore s'immolent avec une conviction et une détermination à faire pâlir tout extrémiste kamikaze religieux dépressif.


Il faut bien dire que la répétitivité et la linéarité du récit et de sa mise en scène sont telles que rien ici ne fonctionne et cette petite prod sans envergure lasse assez vite une fois les protagonistes présentés, l'histoire posée. A cet égard, s'il est un constat encore plus triste que la décrépitude d'un artisan-auteur, qui plus est utilisé à mauvais escient et sur lequel on capitalise mal (sa fille Camilla est malgré tout impliquée puisqu'arrivée sur le film pour des raisons de retard dans le tournage), c'est de voir des acteurs comme Maurice Poli ou Paul Müller comme déposés hagards devant une caméra dénuée de toute inspiration, voire même -soyons méchants ou justes, c’est selon- dénuée de toute tentative d'inspiration. La livraison n'est ni pire ni meilleure que Les fantômes de Sodome, elle sort de la même barrique de merde faite d'une histoire pouvant se décliner de façon tentaculaire : après les nonnes de Demonia, après les nazis orgiaques des Fantômes de Sodome, répondent donc présents à l'appel Hansel et Gretel, qui disons le franchement, ont le dos large, tout en étant campés par deux mioches dotés d'un talent et d'une envergure inversement proportionnels. Les adultes ne sont pas en reste, ils sont encore plus exécrables.

 

 

Produit par Luigi Mannerini et Antonino Lucidi pour la petite maison de production "Cine Duck", Hansel et Gretel version Simonelli/Fulci se situe donc quelque part entre le piteux Massacre d'Andrea Bianchi et les dernières et paresseuses livraisons fulciennes à base de revenants. Comme dit avant, avec de telles références, tout ceci ne vole pas haut. La photographie, due à Silvano Tessicini, y est piteuse ; on peut affirmer à ce niveau qu'elle est autant peaufinée que le scénario squelettique servant de lien à la conjonctivite ravageuse et pathétique de nos deux jeunes gens ici présents. La partition de Lanfranco Perini n'est pas le pendant le plus kitch de l'ensemble, elle essaie, tant bien que mal, de retrouver les tonalités frizziennes d'une époque où perversité, emphase et putréfaction pouvaient encore rimer avec poésie ou surréalisme macabre. A trop convoquer le passé, le réalisateur/scénariste ne fait que marcher sur des traces aux contours à la fois flous et balisés : celles d'un père qui se serait égaré en cours de route et finissant par devenir à son tour si spectral que sa bobine n'existe pas ou si peu. En pratiquant la citation à tout va, il achève de faire ressembler ce Fulci-like à un best of pré-mortem sans âme ni personnalité. Un défaut qui, hélas, continue de sévir aujourd'hui dans un cinéma horrifique saturé de complexes des pères jusqu'à parfois ne plus tourner qu'en rond. Finalement, il manque à cet Hansel et Gretel pour se montrer à peu près fréquentable, une violence réellement jusqu'au-boutiste ainsi que, pourquoi pas, quelques traits d'humour noir âpres et british dans l'âme que l'on trouvait par exemple dans Soupçons de mort ou The House of Clocks. En l'état, la chose, en plus d'être éventée, n'est plus qu'un léger et sombre reflet d'une faste période dans un oeil mort...

 

 

Scénariste pourtant rompu (Hercule se déchaîne, Nude... si muore, Les diablesses,...), Giovanni Simonelli, à qui l'on se doit toutefois d'imputer en majeure partie Hansel e Gretel (même si Fulci, le trouvant trop court, le terminera), collaborera à nouveau dans la foulée avec notre Lucio pour le script de "Un gatto nel cervello", oeuvre testamentaire tout de même bien plus intéressante que cette pâle resucée qui échoue même à instiller une quelconque once d'ambiance. Encore heureux que par la suite, leur association n'ait pas accouché d'une adaptation du "Petit Poucet", conte quasi gémellaire qui inspira en partie celui-ci, auquel cas, vu la totale absence à l'écran de la sorcière anthropophage issue de l'imagination des frères Grimm, on imagine mal le conte de Perrault couché sur pellicule, sans ogre, et avec un Petit Poucet en train de caillasser façon gore, des gens se baladant en forêt.
Bref, un film réservé aux complétistes de Fulci prêts à tenter une aventure qui risque fort de s'avérer masochiste ou bien encore aux nostalgiques en manque de vraies plongées morbides comme savait si bien en proposer le réalisateur romain une décennie auparavant.

 

 

Mallox

 

En rapport avec le film :

 

# L'interview de Michele De Angeli sur l'excellent site http://www.luciofulci.fr/

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