Coriace, Le
Titre original: Un uomo della pelle dura
Genre: Polar
Année: 1972
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Franco Prosperi
Casting:
Robert Blake, Ernest Borgnine, Orazio Orlando, Tomas Milian, Catherine Spaak, Gabriele Ferzetti...
 

Teddy "Cherokee" Wilcox (Robert Blake), un jeune boxeur, vient de quitter son entraineur pour un autre : Nick da Catarina (Gabriele Ferzetti). Avant même le premier combat de Wilcox, Nick reçoit un ultimatum : son poulain perd ou le manager meurt. En dépit des effort de Nick pour convaincre Wilcox de se coucher puis de saboter le match, ce dernier gagne avant de se retrouver dans une position embarrassante lorsque son entraîneur est, comme annoncé, assassiné. Pire encore, il fait un coupable idéal lorsqu'il est retrouvé assommé sur les lieux du crime aux pieds de la victime...

 

 

En 1972, Franco Prosperi s'aventure avec Un uomo della pelle dura dans le polar sur fond de boxe, de matchs truqués, de petits gangs mafieux et de règlements de comptes (pas de K.O. Corral toutefois ici à déclarer). Un petit monde jusque là dépeint avec une noirceur quasi-chronique - celle propre au film noir - dans le paysage cinématographique ("Nous avons gagné ce soir") et pas encore synonyme d'ascension sociale ou bien encore d'échappatoire à un rêve américain illusoire (Rocky). Le monde de la boxe, ici co-scénarisé par Armando Crispino (réalisateur de deux gialli intéressants bien qu'inaboutis : Overtime et Frissons d'horreur) et Adriano Bolzoni (Il Fiore dai petali d'acciaio), reste dans des sphères très classiques pour ne pas dire très conventionnelles. Qu'à cela ne tienne, il ne s'agit pas là d'une chronique documentaire mais d'une simple toile de fond ayant pour seul but de faire tenir une trame criminelle dans un monde de brutes. A ce niveau, le script de Crispino/Bolzoni se montre même plutôt astucieux et roublard puisque, au-delà du clicheton du match arrangé que le boxeur ne respectera pas, ils y font surtout évoluer un personnage physique (Robert Blake en boxeur) censé enquêter à ses propres fins : comprendre, se disculper, puis, si possible, se venger. Tout est en place pour une sacrée distribution de gnons, le tout reposant sur des ressorts très hitchcockiens, comme celui du faux coupable que tout accuse, contraint de trouver lui-même le vrai coupable pour ne pas finir le reste de ses jours en taule...

 

 

Sauf que la mise en scène de Prosperi ne parvient jamais vraiment à trouver le punch nécessaire : de ceux qui auraient pu transformer ce projet pas plus déshonorant qu'un autre sur le papier, en véritable bourre-pif crépusculaire. Notre boxeur a beau - comme l'indique le titre français - être coriace, il semble aussi stérile que l'inspecteur Perkins, pourtant campé par un Borgnine presque goguenard, qui, dès son arrivée (approximativement à la 40ème minute quand même) patauge dans la semoule jusqu'à presque regarder avec nous la trame se jouer. A partir de là, et comme notre "champion" ne fait pas tout à fait le poids à l'écran, en tout cas sur la distance et le nombre de rounds scénaristiques, on se contente rapidement de regarder défiler une bobine aux allures de déjà-vu et même de trop vu, qui plus est filmée sans personnalité et surtout de façon assez molle.
Dire qu'on s'ennuie à la vision du Coriace serait excessif : celui-ci finit par se regarder de façon distraite, échouant à impliquer le spectateur à bien des niveaux et évoluant sur des sentiers tant balisés que même la partie thriller (tournant autour de la pellicule du match truqué, lequel avait été filmé), avec tout ce qu'elle comporte de trahison, de meurtres et de retournements de situations, laisse de marbre. Reste quoi ? Comme suggéré au début, le casting. Hélas, ce dernier fait trop souvent l'impression d'un défilé de luxe pour une oeuvre de charité...

 

 

Sans crever l'écran comme dans par exemple Busting ou Electra Glide in Blue, Robert Blake s'en sort honorablement. Difficile cependant de croire à ses racines indiennes et ce qu'elles sous-tendent de noblesse, d'esprit de justice et de droiture (l'homme en plus de tous ses déboires entend laver son nom) ; Catherine Spaak, dans le rôle de la fille de l'entraineur, joue les "révélateurs" au féminin, un "révélateur" qu'on voit venir de beaucoup trop loin. Gabrielle Ferzetti, l'entraineur assassiné semble peu concerné et quoi qu'il en soit on s'en fiche pas mal vu que ce dernier disparaît assez vite, n'ayant pas le temps de susciter d'empathie particulière. A cet égard, il convient de préciser que la mise en place de Un uomo della pelle dura est particulièrement laborieuse avec des enjeux et des personnages aux contours flous voire caricaturaux. Restent deux acteurs qui prennent une part importante à l'intrigue : d'un côté Tomas Milian, insupportable de cabotinage désinvolte (ou de désinvolture cabotine, selon), semble être présent en dilettante pour répéter son rôle de Monnezza, de l'autre, Orazio Orlando fait la plus forte impression en "ami" de Teddy Wilcox, l'aidant à mener son enquête à son terme. On l'avait déjà aperçu dans le fameux Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d'Elio Petri, puis The Perfume of the Lady in Black de Francesco Barilli, (plus Claudio Cassinelli que jamais), il fait ici fort bonne impression.

 

 

Malheureusement, à trop prétendre jouer sur des registres différents, à vouloir marier enquête policière classique, scènes de baston musclées, twists à la mords-moi-le-noeud, et séquences se voulant choc (le final de par son exubérance sanglante est proche du ridicule), la partition semble si mal accordée, qu'on ne sauvera tout compte fait dans "le coriace" que quelques passages dans un combat cinématographique globalement assez terne. On citera pour l'exemple, une scène où Robert "Cherokee" Blake doit lutter contre un garde du corps massif, passant du statut de boxeur à celui de catcheur, ainsi que l'arrivée à mi-parcours d'un Borgnine égal à lui-même : gouailleur et fort en gueule. Pour le reste, Le coriace n'enverra pas grand monde au tapis.
Quant à Franco Prosperi, cinéaste né à l'aube de l'époque péplumesque ("L'esclave de Rome") et de quelques collaborations - principalement comme scénariste - avec Mario Bava ("La fille qui en savait trop", Hercule contre les vampires), on ne peut pas dire qu'il brilla derrière la caméra puisqu'il enchainera en 1978 avec un huis-clos assez calamiteux réunissant l'excellente Florinda Bolkan et le blondin à collier de coquillages Ray Lovelock : "Terreur" (La settima donna), ce avant de bouffer les pissenlits par la racine avec "Mondo cannibale", exploitation anthropophage naveteuse avec Al Cliver coréalisée par Jess Franco, pour enfin abandonner la réalisation en 1983 après un Heroïc Fantasy de triste réputation, " Il trono di fuoco" ("Le trône de feu"), à ne pas confondre avec le Jess Franco de 1968 dans lequel s'imposait Christopher Lee.

 

 

Mallox

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