Alerte dans le cosmos
Titre original: The Shape of Things to Come
Genre: Science fiction
Année: 1979
Pays d'origine: Canada
Réalisateur: George Mc Cowan
Casting:
Barry Morse, Jack Palance, Carol Lynley, Nicholas Campbell, Anne Marie Martin, John Ireland...
 

2050 : La guerre des robots qui a fait rage pendant des années est à présent terminée et la planète Terre ressemble à un vaste champ de ruines. Un groupe de survivants est obligé de se réfugier sur la Lune. A peine installée, la communauté doit cependant faire face au tyran Omus et à son armée de droïdes, revenus pour éradiquer définitivement l'espèce humaine...

 

 

Sous-merde, connerie, navet intergalactique, Nanar atrocement drôle, Alerte dans le cosmos est, outre un alibi spatial puisant chez H.G. Wells pour surfer sur la vague "Star Wars", ainsi que capitalisant sur des séries, elles-mêmes capitalisant de manière peu subtile sur le hit de George Lucas ("Galactica"), un quasi-remake d'un film de 1936 signé William Cameron Menzies, l'auteur des Envahisseurs de la planète rouge : "Les Mondes futurs". Le film de Menzies, plutôt fidèle au roman de Wells, abordait les thèmes des classes sociales, des dictatures et, à sa manière, annonçait même une seconde guerre mondiale à venir. Evidemment, rien de tout cela dans The Shape of Things to Come dans lequel nous retrouvons, pour bien faire, le spatial Barry Morse qui, de 1975 avec "Cosmos 1999" à 1982 et la médiocre série "Chroniques martiennes, compte quelques heures de vol au compteur. On n'oublie pas pour autant, même à brader son talent, que l'acteur en fit la démonstration bien souvent. Des Rois du soleil à L'Enfant du diable, Barry Morse est habitué à graviter dans des sphères peu recommandables, souvent dans des rôles décalés, notamment par rapport à son physique. Cela n'empêche bien évidemment pas le talent, et l'étiquette S.F. lui restera hélas collée bien après sa mort.

 

 

Niveau décalage, outre Jack Palance qui semble s'entraîner pour la série Buck Rogers, revêtant du reste le même costume, et après avoir traversé alors près de trois décennies avec une filmographie exemplaire (on passe de Aldrich à Fleischer, de Godard à Brooks, de Kazan à Corbucci, de Jesús Franco à Umberto Lenzi... ), on retrouve de façon plus étonnante d'autres acteurs : John Ireland, formidable second rôle, couvrant lui aussi des décennies de cinéma hollywoodien (le superbe Traquenard), reconverti le plus souvent dès les années 70 dans le Bis italien (à noter l'absolue abnégation puis don de soi pour passer de "Salon Kitty" à un épisode de "La petite maison dans la prairie"). On le verra ainsi aussi bien chez Sollima (Saludos hombre) que chez Fulci (Una sull'altra) pour revenir parfois aux Etats-Unis dans des films qu'on taxera de façon un brin pédante de "seconde zone" (il se retrouve même en tête d'affiche de "Satan's Cheerleaders" de l'incontournable Greydon Clark aux côtés de Yvonne De Carlo).
N'oublions pas Carol Lynley, connue entre autres pour son rôle dans Bunny Lake a disparu, ce avant d'enchaîner des œuvres plus spectaculaires et grand public telles que "L'aventure du Poséidon" puis de traverser, comme nombre de ses collègues, tout un pan des séries américaines (outre "Les envahisseurs", on la croisera dans "Drôles de dames", "Kojak", "Hawaï, police d'état"...).
Bien entendu, au regard de leurs carrières respectives, il y aurait de quoi rester hagard devant un tel produit qui dut sa distribution au succès des films de William Girdler, Grizzly surtout, puis Day of the Animals. Une petite maison de production canadienne indépendante qui produira alors des films tels que "The Dark", Incubus, "The Visitor", Pieces, Vigilante...

 

 

Hélas, Alerte dans le cosmos est un film qui capitalise à l'excès mais qui jamais ne prend trop de risques : même dans les seconds rôles, on reprend Nicholas Campbell, déjà aperçu dans "Cosmos 1999", dès fois que le spectateur serait "lost in space" et aurait besoin d'aide pour retrouver ses repères. Un acteur qu'on reverra alors surtout chez Cronenberg ("Fast Company", Chromosome 3, Dead Zone, "Le festin nu") mais aussi chez William Fruet ("Trapped") ou chez William Friedkin ("Rampage"). Quant à Anne-Marie Martin, on l'apercevra juste après dans Prom Night, ensuite dans "Runaway - L'évadé du futur", puis enfin dans les 41 épisodes de "Mr. Gun", série quasi-oubliée aujourd'hui, ce avant de disparaître purement et simplement des écrans. Disons-le comme c'est, le ridicule de certaines situations ne vient pas des vieux briscards présents au générique. Soit, les apparitions spectrales de Jack Palance sont amusantes, mais ne croyez surtout pas le premier vendeur à la sauvette de nanars, prompt à vous vendre béat du pipeau et de la navette miniature qui chatouille sous les bras 90 minutes durant ; des gens probablement souvent tant pliés de rire qu'on les amène, en urgence, dans les hôpitaux pour déchirures abdominales au second degré...

 

Non, Alerte dans le cosmos est un spectacle avant tout fantaisiste et bon enfant, sans profondeur aucune et avec comme seule ambition celle de distraire l'enfant qui sommeille en nous. Certes, ces intentions minimales sont entachées de deux/trois passages plus que farfelus, suscitant effectivement le sourire ou le rire. Il y a par exemple une scène irrésistible de par sa maladresse : celle illustrant nos deux jeunes aspirants New Wave traversant un champ magnétique puissant, avec notre jeune Nicholas Campbell qui tente de rejoindre, dans une foulée au déhanchement singulier défiant au ralenti toute gravitation sensée et insensée, sa compagne de bord.



Pour le reste, dire que l'on s'ennuie serait également mentir. L'espèce de carnaval de robots légèrement apathiques, dotés de bras en forme de pinces, est relativement réjouissant pour peu qu'on soit disposé à jouer le jeu de la production autant infantile que fauchée. The Shape of Things to Come se joue en trois manches : il alterne les séquences de maquettes un brin grossières, puis l'évolution de l'équipage à son bord, les propensions des personnages à combattre l'impérialisme expansionniste d'un Jack Palance qui semble s'amuser comme un gosse, cherchant son Barrabas entre les météorites sans jamais le trouver, ainsi que des séquences terrestres filmées le plus souvent dans des carrières abandonnées, les faisant finalement ressembler à celles qu'on trouvait non seulement dans l'entame emmerdante de "Star Wars" mais aussi et surtout à des passages des Evadés de l'espace (qui deviendra San Ku Kaï), ce, sans acrobaties particulières.

Alors oui, en effet, d'un point de vue purement cinématographique, The Shape of Things to Come, sans être nul, ne vaut pas tripette, mais est-ce bien étonnant de la part d'un George McCowan déjà coupable alors d'un "Frogs" délicieusement absurde ou d'une "Chevauchée des sept mercenaires" qui avançait au trot attelé pour finir bon dernier sans photo-finish ? Pas vraiment. Cependant, sa petite livraison spatiale intergalactique opportuniste n'a pas non plus à rougir des comparaisons avec d'autres S.F. de l'époque, sorties elles aussi comme par enchantement dans les salles, tout en faisant office de pilotes de séries, que ce soit "Battlestar Galactica", Buck Rogers, voire même le sympathique "Les mercenaires de l'espace" ou La galaxie de la terreur, sans oublier les S.F. italiennes de triste mémoire ("La Bataille des étoiles") ou encore le nippon Les évadés de l'espace, déjà cité. Certains défendront le fait que la même année sortait "Le Trou noir" de Gary Nelson, lui trouvant une profondeur digne de sa source, "Vingt mille lieues sous les mers" de Jules Verne. Or, si la production Disney semblait plus adulte à bien des égards, elle était aussi par d'autres aspects assez ridicule, voire parfois ennuyeuse. Que voulez-vous, lorsqu'on me parle gravité, j'ai envie de lui opposer la relativité "restreinte". Finalement, à tout miser directement sur un kitsch omniprésent, il est possible qu'à cette même époque, dans cette même galaxie, seul Flash Gordon ait su passer correctement les portes du temps.

 

 

En l'état, Alerte dans le cosmos est une petite récréation à regarder ni plus ni moins en tant que telle et sans rester trop terre-à-terre. Pour les allergiques à ce genre de spectacle, tournez-vous plutôt vers le plus méconnu Shadow of the Hawk du même réalisateur, ici chroniqué.

 

Mallox

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