Une raison pour vivre, une raison pour mourir
Titre original: Una ragione per vivere e una per morire
Genre: Euro-Western (hors spagh) , Western spaghetti
Année: 1972
Pays d'origine: Italie / Espagne / France / Allemagne
Réalisateur: Tonino Valerii
Casting:
James Coburn, Bud Spencer, Reinhard Kolldehoff, Guy Mairesse, George Géret, José Suárez, Telly Savalas...
Aka: La Horde des Salopards (à ne pas confondre avec Django le bâtard) / A Reason to Live, a Reason to Die
 

Pendant la guerre de Sécession, évadé d'un camp sudiste, le colonel Penbrock rejoint une garnison nordiste. Il veut se réhabiliter auprès des autorités qui le prennent pour un lâche après son inexplicable reddition au Fort Holman, occupé maintenant par l"ennemi. Penbrok garde jalousement le secret de sa conduite passée mais finit par obtenir l'autorisation de reconquérir, à sa manière, la place forte perdue. Pour sauver leurs têtes, huit condamnés à mort acceptent d"accomplir cette mission suicide. Une fois sur place, Penbrok explique qu'il s'agit autant de reprendre le Fort que de s'emparer d"un trésor de guerre pour un montant d'un demi-million de dollars. La nouvelle galvanise tout le monde...

 

 

Il est des films parfois gênants au sein des filmographies... Une Raison pour vivre, une raison pour mourir, dans celle du pourtant talentueux Tonino Valerii, en fait partie.
Longtemps il fut difficile de voir le film dans sa version intégrale de près de deux heures, et on eut droit en Europe à sa version light de 79 minutes dans laquelle, il faut être honnête, on ne comprenait pas tout. Deux autres éditions sont sorties depuis aux USA et au Japon, d'une qualité visuelle relativement discutable, mais tout du moins complètes ou à peu près. Là-dessus, heureusement qu"une poignée de salopards passionnés se penchent de temps à autre sur ce genre d'oeuvre amputée depuis des lustres pour offrir des versions complètes, intégrant les passages manquants au versions françaises et vice-versa.
Hélas, pour le coup la déception n'en est que plus cruelle, ce quatrième et avant-dernier western de Tonino Valerii (après "Lanky, l'homme à la carabine" / alias "Per il gusto di uccidere", le solide Le dernier jour de la colère, l'étonnant Texas et juste avant "Mon nom est personne", est un film fantôme dont la vision s'avère bien plus ennuyeuse qu'on avait pu la fantasmer...

 

 

Tant de promesses au générique pour accoucher d'un film aussi informe et terne relève quasiment de l'exploit. Que dire du scénario écrit à-la-va-vite et à trois mains, celles de Valerii lui-même, mais aussi de Rafael Azcona ("Amigo!... Mon colt a deux mots à te dire") et de l'inévitable Ernesto Gastaldi ("Arizona Colt", "Los machos", Le dernier jour de la colère, pour rester dans l'Ouest américain) qui ne s'élève à aucun moment au-dessus de la pâle copie des "12 salopards" d"Aldrich, lesquels, on peut le dire, en ont vu passer des vertes et des pas mûres sur leurs dos bien trop larges. Dans Una ragione per vivere e una per morire, c'est simple, il n"y a aucune idée nouvelle, aucune fantaisie et outrance propres au western transalpin ; tout de A(lmeiria) jusqu"à Z(e end) tient du réchauffé et de la pâle copie.

Bénéficiant d'un casting 4 étoiles, Tonino Valerii, bien plus inspiré la même année dans le giallo avec Folie meurtrière, livre ici un récit d'aventures westerniennes convenu, au rythme inexistant et au suspense aussi fourni que le désert de Tabernas qui sert une fois encore de décor, dans lequel on remarque même, en passant, la ferme du début de "Il était une fois dans l"Ouest". Là-dedans, le charisme de James Coburn est censé faire la différence, sauf que même en acteur vedette, à la tête d'une huitaine de mercenaires, ce dernier peine à insuffler du caractère si ce n'est à nous rejouer son rôle de "Il était une fois la révolution".

 

 

A regarder de plus près, on s'aperçoit également assez vite que James Coburn n'en démérite pas tant, égard au traitement superficiel réservé aux autres protagonistes. A l'exception notable de Bud Spencer qui, on ne sait trop pourquoi, est mis en avant dans un rôle mi-comique, mi-sérieux, mais 100% cabotin, jusqu'à prendre une trop grande place à l"écran (il était bien meilleur dans un autre western, bien plus emballant lui aussi et aux accents similaires : Cinq hommes armés), les personnages secondaires ne sont pas traités.
En gros, on nous présente sur une potence un chouette petit lot de "fils de putes" pour ensuite ne rien en faire. La palme revenant au métis dont on attendra en vain une attaque sauvage au tomahawk.
Ailleurs, le français Guy Mairesse se fait d'avantage remarquer par ses chicots que par ses interventions. Bref, tout ce troupeau d'enflures qui annoncent tant de promesses en péripéties est vite réduit à ne faire que de la figuration.

L'astuce scénaristique, si on peut la nommer ainsi, consiste à dissimuler puis à révéler petit à petit les véritables motivations du sieur Penbrock. On a du reste tôt fait de comprendre qu'elles sont d'ordre personnel et que d'or, au sein du fort, point il n'y a, tout comme le cadran solaire censé s'y trouver. A ce titre, lorsque enfin tout le monde arrive à destination, surgit alors un major Ward, campé par un Telly Savallas totalement absent. Autant dire que le sérieux de la révélation finale, à savoir les raisons de la présence de Penbrok-Coburn au sein d'un fort alors pris d'assaut, tombe du coup complètement à plat, là où Tonino Valerii voudrait probablement toucher la corde sensible.

 

 

Finalement, c'est encore le frenchy Georges Géret, en soldat de garnison, qui s'en sort le mieux. On en vient à regretter, et c'est un comble, les présences, en lieu et place de Coburn et Spencer, celles de Lee Van Cleef et Eli Wallach pour lesquels le film était à l"origine écrit ; d'autant que la partition à la fois dramatique et pompière de Riz Ortolani ne relève pas la sauce, bien au contraire.

Pour situer l'intérêt que suscite globalement Une Raison pour vivre, une raison pour mourir du long de ses deux heures qui pourront paraître interminables, imaginez "Les douze salopards" filmé platement et sans salopards, vous ne serez pas bien loin du compte.
La fin, dans l'hacienda, bien que lorgnant sur la fureur de La horde sauvage, mitrailleuse aidant, n'a qui plus est rien du morceau de bravoure tant annoncé.
Bref, Just a fistfull of pétards mouillés pour un spagh qui donne surtout une raison pour fuir... un bien triste constat en vérité.

 

 

Mallox

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