Texas
Titre original: Il Prezzo del Potere
Genre: Western spaghetti
Année: 1969
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Tonino Valerii
Casting:
Giuliano Gemma, Fernando Rey, Van Johnson, José Suárez...
 

Troisième film pour Tonino Valerii, et troisième western. L'homme n'est pas l'élève de Sergio Leone pour rien et se dresse tout simplement comme l'un des maîtres du western spaghetti, donnant ici au genre une de ses oeuvres les plus politiques, non pas uniquement fondée sur l'époque où se déroule le film, mais s'ancrant sur un fait marquant des années 60 américaines, à savoir l'assassinat du Président Kennedy. L'histoire se déroule ainsi à Dallas, au Texas, juste après la guerre se sécession. Une guerre officiellement finie, mais qui continue de se jouer en coulisses, avec de nombreux sudistes complotant pour l'assassinat prochain du nouveau gouverneur, vu comme un pantin mis en place par les yankees nordistes. Pour mener à bien leur projet, ils n'hésiteront pas à se débarrasser de quelques personnes gênantes, dont un vieil homme, père d'un certain Bill Willer (Giuliano Gemma, qui avec son visage juvénile est plus à son aise dans des personnages tels que celui ci que dans ceux relevant plus du style Eastwood) qui viendra donc venger son paternel en même temps qu'il tentera de protéger le gouverneur, puis quand celui-ci sera également assassiné, de découvrir tous les enjeux du complot : ses participants, ses objectifs, etc.

 


Le film démarre de façon on ne peut plus clair : les portraits de Lincoln sont brûlés, tout comme le drapeau Stars and Stripes, et la violence passe dès la scène suivante à l'étape supérieure : la torture perpétrée contre un noir présumé coupable de vouloir déjouer le complot contre le gouverneur. D'entrée de jeu, on sait le shérif corrompu, et on assiste à ses méthodes sauvages démontrant ainsi que si la guerre est en principe finie, elle perdure malgré tout d'une façon presque terroriste. Car la terreur est présente partout, et seuls l'isolement et la neutralité peuvent mettre les citoyens à l'abri. Nombreux sont ceux qui refusent d'aider qui que se soit, nombreux sont également les opportunistes.

 


Cet état de fait ne sera pourtant pas la préoccupation de Bill Willer, qui cherchera à s'en prendre aux responsables de tout cela. Et c'est là que le film devient politique : la corruption est ici à son maximum, et le parallèle avec l'assassinat de Kennedy (qui eut lieu en 63, soit six ans avant la réalisation du film) et la situation des coulisses politiques américaines est clairement reflétée par Valerii, qui avec ses moyens reconstituera presque à l'identique la parade du Président (ici remplacé par le gouverneur du Texas) sur la fameuse Elm Street de Dallas, avec les tireurs isolés, la confusion qui suivit les coups de feux, et le bouc-émissaire idéal (le noir torturé au début), qui cependant ici n'est pas le responsable (alors que concernant Kennedy, la culpabilité Lee Harvey Oswald ne fait guère de doute). Il y aura même l'équivalent de Jackie Onassis... Valerii, consécutivement à cet assassinat, continue à appuyer la thèse qu'il avait déjà plus qu'amenée auparavant : le fameux complot, dont les tenants et les aboutissants politiques témoignent d'une société prise en tenaille par de nombreux intérêts divergeant, les "méchants" eux-mêmes n'étant guère solidaires. Bill Willer tentera de découvrir toute l'affaire, en même temps qu'il tentera de libérer son ami emprisonné.

 


Tout en faisant ça, le réalisateur continuera à faire parler la poudre, et l'assassinat du gouverneur ne cessera pas les violences, bien au contraire : les coupables seront cette fois ci prêts à tout pour ne pas être menacés par la justice. Le nombre de morts final du film sera assez impressionnant et illustrera intelligemment la dénonciation de la violence tout en donnant au film le côté action généralement souhaité dans les westerns. Quelques scènes seront tout de même un peu trop poussées, tels que ces "jeux de flingues", sortes de duels pipeautés, qui sont sans doute là pour donner une touche plus classique à un film aux consonances historiques dépassant le western brut pour dépeindre les coulisses du pouvoir moderne (et peut-être également de tous les pouvoirs ?). L'emploi de la musique, un peu trop fréquent, pourra également être reproché au réalisateur. N'empêche que ce "Texas" est l'un des westerns spaghettis les plus intéressant, et même si il est difficile de reconstituer entièrement une affaire complexe telle que celle de l'assassinat de Kennedy en une heure et demie, le film reste très pertinent dans le tableau qu'il dresse de la pourriture des coulisses politiques, loin des grands idéaux véhiculés dans le film par les espoirs du pays réunifiés, et dans la réalité du début des années 60 par les idées neuves du Président Kennedy.

 


Note : 7/10

 

Walter Paisley

 

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