Sergent Klems
Titre original: Il sergente Klems
Genre: Drame , Historique , Aventures , Guerre
Année: 1971
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Sergio Grieco
Casting:
Peter Strauss, Tina Aumont, Pier Paolo Capponi, Howard Ross, Massimo Serato, Rossella Como, Dada Gallotti, Luciana Paluzzi...
Aka: Sergeant Klems / El Sargento Klems / Man of Legend
 

En 1918, pendant la bataille d'Artois, un jeune officier allemand qui s'est échappé de la tuerie échange son uniforme avec celui d'un officier français qu'il trouve mort dans une tranchée. Toutefois, on le fait prisonnier et on le condamne à être fusillé comme espion présumé.
Un ex-légionnaire, destiné à subir le même sort pour désertion, lui sert de prête-nom, Otto Klems, afin qu'il puisse se sauver. L'inconnu allemand échappe à la mort mais est envoyé en Afrique à la Légion étrangère. Choqué par l'injustice et la violence gratuite de ses supérieurs ainsi que par les avances homosexuelles sur le mode du chantage de son lieutenant, il déserte puis est capturé par les Marocains dont le chef est Abd el Krim (Abdelkrim al-Khattabi) auquel il offre son expérience militaire et sa connaissance des armes. Le Sergent Klems a changé de camp et va se battre aux côtés des rebelles marocains. Mais pas seulement...

 

 

Inspiré d'un personnage réel, Sergent Klems est un film qu'on peut qualifier d'engagé et de violent. La présence de Peter Strauss n'est probablement pas le fruit du hasard et succède à celle dans le très violent et dérangeant "Soldat bleu".
L'ensemble est bien entendu romancé et le personnage même est illustré de manière fidèle à la légende, celle immortalisée par Sigmund Romberg, auteur d'une opérette dédiée à sa gloire, "Le chant du désert", qui connut au milieu des années 30 un beau succès populaire.

 

 

Dans la réalité, Joseph Otto Klems était plutôt controversé au départ, suite à sa participation à la guerre du Rif, guerre coloniale ayant eu lieu au nord du Maroc entre 1920 et 1926 et opposant l'armée espagnole puis française aux Rifains. C'est une partie de vie et de page d'histoire que retrace d'ailleurs le film de Sergio Grieco, qui le présente comme un personnage insoumis mais juste de la légion étrangère française. Du reste, au lieu de désertion, c'est sa noblesse qui fut louée, notamment par la presse étrangère, au point d'influencer l'État français : le ministère des Affaires étrangères de la République allemande, soutenu par une pétition du parti communiste français, avait obtenu que la cour martiale fasse preuve de clémence à son égard. Il fut ainsi condamné au bagne plutôt qu'au peloton d'exécution.
Dans le film de Grieco, il finit exempté de la peine de mort grâce aux sollicitations d'Abd el Krim et sa peine est commuée en emprisonnement à perpétuité. Il meurt de gangrène au bagne de Guyane. La réalité est pourtant tout autre puisqu'il fut libéré sept années plus tard sous la pression du régime nazi en pleine ascension, regagnant son pays d'origine en 1934. Incarcéré en 1939 suite à un délit mineur, il mit fin à ses jours dans sa cellule. Le film élude à sa manière cette partie de vie pour en faire une sorte de héros au destin singulier et tragique, à la Lawrence d'Arabie. Ce qu'il perd en véracité historique, disons qu'il le gagne le lyrisme. (Non, vu qu'il s'agit d'un personnage ayant existé, sa mort ici dévoilée n'est en rien un spoiler à la con).

 

 

Quoi qu'il en soit, Sergent Klems version Grieco possède des qualités non négligeables : de l'aventure dotée de souffle, du romanesque mâtiné d'un lyrisme pas mal contagieux ainsi qu'une force indéniable qui se dégage du récit et de la mise en scène. On peut ajouter à cela des acteurs bien dirigés et crédibles à l'écran, malgré que le choix initial de confier le rôle d'Abd El Krim à l'acteur Pier Paolo Capponi (La Jeunesse du Massacre/Photo interdite d'une bourgeoise/Le Chat à neuf queues/Milan : le clan des Calabrais) puisse paraître saugrenu. Il s'y montre au final très bien et même très charismatique, au point de faire de l'ombre à un Peter Strauss dans sa période "Little Big Allah". Massimo Serato (Le pirate de Capri/Un cas parfait de stratégie criminelle/Frissons d’horreur/Terreur sur la lagune) s'y montre d'une assez remarquable sobriété, notamment vers la fin du film, tandis qu'on peut décerner la palme d'or de l'enculé de service à l'excellent Franco Ressel qui vient juste de croiser Tina Aumont dans L'homme, l'orgueil et la vengeance, celle-ci emportant l'adhésion dans la partie romantique et mélodramatique. Howard Ross en guerrier Hamed, ma foi, au point où nous en sommes, pourquoi pas. Des scènes de violence assez crues viennent émailler l'écran (devant à la fois au "Soldat bleu" et au western spaghetti alors en vogue) et le réalisateur n'y fait pas trop de concessions de fond, comme il ne tombe pas non plus dans le manichéisme qui voudrait qu'il y ait d'un côté les bons, de l'autre, les méchants. Du reste, la foi du peuple arabe peut aussi se retourner contre lui, même si son indépendance est illustrée comme étant légitime.

 

 

À charge du film, des raccourcis un peu malheureux mais probablement nécessaires pour une œuvre dont les moyens alloués ne permettent pas de se hisser au niveau de fresque hollywoodienne, elle-même non dénuée de raccourcis et d'arrangements parfois grotesques avec la réalité. Des scènes qui tirent... sur la corde, comme celle où Tina Aumont dégage quasiment à coups de pieds des rebelles arabes en leur disant "Laissez-moi faire !" avant de prendre en charge un canon qu'ils manient mal, un instrument de guerre jugé profane par le prophète.

Sergio Grieco est loin d'être un mauvais "faiseur". Auteur d'une quarantaine de films depuis le début des années 50, les amateurs de cinéma d'exploitation apprécient particulièrement son chant du cygne, Ultime violence. Il a pourtant signé des films d'aventures tout à fait fantaisistes et réjouissants dès les années 50 et 60 comme Jules César contre les pirates, mais l'on retient trop souvent sa dernière partie de carrière, plus putassière, avec ses polars ultra violents ainsi qu'un nunsploitation sans autre intérêt particulier que la présence de Françoise Prevost, "Le scomunicate di San Valentino". Certes inégal mais toutefois couillu, son Sergent Klems se défend pas mal du tout et reste à découvrir, d'autant que la partition signée Carlo Rustichelli vaut elle aussi le coup.

 



Mallox

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