Exécutions
Titre original: Un detective
Genre: Poliziesco , Thriller
Année: 1969
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Romolo Guerrieri
Casting:
Franco Nero, Adolfo Celi, Delia Boccardo, Susanna Martinková, Florinda Bolkan, Renzo Palmer, Maurizio Bonuglia, Roberto Bisacco, Laura Antonelli, Silvia Dionisio...
Aka: Détective Belli / Un détective sans scrupules / Ring of Death / Macchie di belletto / Die Klette
 

Les scrupules n'ont jamais étouffé l'inspecteur Belli (Franco Nero). Quand le célèbre avocat Fontana (Adolfo Celi) lui propose de faire une enquête en dehors de ses attributions de fonctionnaire de police, Belli n'hésite pas une seconde et accepte. Il accepte d'autant plus volontiers que Fontana est un grand avocat d'assises et criminaliste de renom. Une occasion pour Belli de se faire valoir. Sans compter le "petit" million d'acompte que lui versera Fontana pour qu'il se mette au plus vite au travail. Il s'agit au début de faire expulser sous un motif quelconque, Sandy (Delia Boccardo), jeune mannequin et cover-girl anglaise, dont le fils de Fontana, Mino (Maurizio Bonuglia), s'est amouraché.
Il s'agit également d'enquêter sur le compte d'un certain Romanis (Marino Masé) qui avait promis à Mino le poste de directeur de sa maison de disques "Embassy", à condition que la mère de Mino, Vera (Florinda Bolkan), finance les opérations de ces éditions discographiques.
Belli va donc trouver Sandy et l'informe que son permis de séjour est expiré avant de se rendre chez Romanis qu'il trouve mort, tué de deux balles de révolver. Il apprend par le concierge qu'on a aperçu ce même jour une jeune fille chez Romanis.

 

 

Belli mène donc son enquête tambour battant. Il découvre successivement que Sandy était la maîtresse de Romanis, que Mino avait surpris les deux amants et qu'une scène terrible s'en était suivie.
Son employeur, Maître Fontana, afin de protéger son fils, prie Belli de garder ses découvertes pour lui et de ne rien dire à la police. Un Belli qui s'aperçoit en outre que la mère de Mino semble cacher un lourd secret.
Un soir, alors qu'il rentre chez lui, Belli échappe de peu à de mystérieux agresseurs. Il a cependant gardé pour lui jusque là l'une des principales pièces à conviction du meurtre de Romanis : une photo trouvée chez Mino montrant une femme complètement nue dont le photographe (Roberto Bisacco) a laissé le visage hors-champ. Cette photo a-t-elle une relation quelconque avec le crime ? Il semblerait bien que ce soit le cas. Quoi qu'il en soit, Belli poursuit obstinément son enquête et va interroger Emmanuelle (Susanna Martinková), la vedette des disques "Embassy", et ne ne tarde pas à comprendre que celle-ci était aussi la maîtresse de Romanis...

 

 

Dans Un detective, nous découvrons pour la première fois à l'écran le commissaire Belli : un Belli qui évolue au sein d'une police vis à vis de laquelle il fait office de gêneur, notamment à cause de ses méthodes expéditives et musclées. Grâce à celles-ci, il a toutefois régulièrement une petite longueur d'avance sur ses collègues qui, du coup, le trouvent souvent sur les lieux du crime à leur arrivée. Jusqu'à parfois même le soupçonner.

Un commissaire Belli que nous retrouverons quatre ans plus tard, en 1973, dans une séquelle de ce Un Detective, le plus connu Le témoin à abattre (La polizia incrimina la legge assolve), réalisé par le neveu de ce premier opus (mais sans véritable mafia ni "famille" présentes), Enzo G. Castellari. Une bobine ayant accédé au rang de classique du poliziottesco au même titre que "Un citoyen se rebelle" (Il cittadino si ribella, 1974) et plus encore, de Big Racket (Il grande racket, 1977), quand ce n'est pas Action immédiate (La via della droga, 1977).
Bien entendu, avant d'être un personnage illustré à l'écran, le bellâtre Belli est avant tout un personnage de roman, issu de la plume de Ludovico Dentice et Un Detective, l'adaptation d'un de ses romans de gare : "Macchie di belletto" ("Des taches de peinture", en français).

 

 

Ici, notre commissaire, déjà campé par Franco Nero, forge ses habitudes et, parmi ses caractéristiques en devenir, arrive sans prévenir chez les gens, les accuse, leur fiche une raclée puis, enfin, se présente et sort sa carte de police. Parfois, sans s'excuser, il se justifie même : "Je t'ai tapé et accusé volontairement, pour brouiller les pistes". Outch !

Dans "Un detective", c'est d'abord la jeune cover-girl Sandy qui se prend quelques tartes, histoire de se faire la main et de chauffer l'enquête, Mino ensuite, des fois que sous ses allures de victime, il ne soit pas si blanc que ça, le photographe (Roberto Bisacco), auteur de la mystérieuse photo dénudée mais sans tête (en toute logique maître-chanteur), ainsi même qu'un jeune à la sexualité ambigüe tentant de s'interposer lors d'un interrogatoire un brin violent alors que notre commissaire s'invite dans une chambre à coucher où une poignée de gens post-coïtant sont encore là. ("Toi, ferme ta gueule !" Paf et re-paf !).

 

 

Finalement, dès 1969, alors que le poliziesco est encore un genre en devenir, à la fois transfuge urbain du western spaghetti et mélange de film noir, né quasiment l'année précédente grâce (ou à cause) de films tels que "Bandits à Milan" (Banditi a Milano, 1968) de Carlo Lizzani, Romolo Guerrieri, à l'instar de son Il dolce corpo di Deborah pour le giallo-machination, fait partie de la première vague de ses nombreux représentants. Toujours présent où un genre fait recette, le sieur Guerrieri tourne ce polar après trois westerns, plutôt précoces eux aussi : "Les sept colts du tonnerre" (7 magnifiche pistole, 1966), "Johnny Yuma" (1966) et Le temps des vautours (10,000 dollari per un massacro, 1967).
Le réalisateur, en plus d'avoir refilé en cours de route le plan vigilante et les clés de la cité au frangin (Marino Girolami/"Roma violenta", 1975) ainsi qu'à ses deux neveux dont le second, Ennio Girolami, se contentera d'en interpréter ("Roma, l'altra faccia della violenza", 1976), en tournera trois autres durant les années de plomb : deux mettant en scène Enrico Maria Salerno, le trop méconnu La police au service du citoyen (La polizia è al servizio del cittadino?, 1973) et "Un homme, une ville" (Un uomo, una città, 1974) puis Jeunes, désespérés, violents (Liberi armati pericolosi, 1976). Autant dire qu'en plus de faire partie des initiateurs de genres, Guerrieri assure aussi ses arrières.

 

 

Sorti en France dans quelques salles en décembre 1970 sous le titre Exécutions, puis, plus tard, en VHS chez VIP, Pandora Video (sous le titre Ring of Death), Proserpine, (cf VHSdb), Un detective est loin, vu son manque de reconnaissance à ce jour (pas de dvd en France en tout cas), d'être un représentant médiocre du polar italien.
Le début s'avère réussi, l'intrigue, resserrée, et les découvertes et rebondissements plutôt nombreux au gré de l'investigation borderline de son anti-héros. Ce dernier a par ailleurs l'avantage, autant humain que cinématographique, de ne pas tergiverser. Là-dessus, la mise en scène est solide, se parant d'un trait d'époque touchant tous les genres en vogue : celui d'être chiadé et de tenter quelques zooms et mouvements de caméra plutôt élaborés insufflant, outre le rythme nerveux évoqué ci-avant, un peu de dynamisme, sinon d'humanité à des personnages aux contours volontairement grossiers. Des personnages fonctionnels, quasi spectraux, finalement, autant hérités du western que de la volonté de laisser derrière toute considération intellectuelle. Le neo-polar italien est un genre qui, bien que payant son tribu à l'intelligentsia de gauche (Les Damiano Damiani, Elio Pietri ou autres Francesco Rosi ont allumé la mèche), se veut avant tout populaire.

 

 

Certes, il n'y a pas de position prise ouvertement contre les institutions dans Exécutions même si, une fois de plus, les garants de ces mêmes institutions mènent la danse (mais pour combien de temps et à quel prix ?). Pour combattre cela, outrepasser la loi est une obligation. Aussi bien pour la justice, celle du châtiment de tout coupable, que pour venir se substituer à l'impuissance d'un acteur-témoin de la vie, réduit, au cinéma, au rôle de simple spectateur. Qu'à cela ne tienne, sur ces deux pans, son impuissance à agir est une frustration enfin comblée par écran interposé. Le principal restant néanmoins le spectacle : ici violence, trahison, chantage, prostitution, trafic de drogue et manipulation le disputent à la raison judiciaire.

Et à Romolo Guerrieri, exploitant déjà la paranoïa de toute une époque, dont le pire est à venir, de livrer un film policier explorant à la fois le genre humain, peu fréquentable, et les milieux underground non moins fréquentables, quand bien même à vocation artistique.
Quant à l'intrigue, plutôt astucieuse, elle rebondit de par une photo qui n'est pas forcément celle que l'on croit et qui fait ressurgir le passé, dévoilant un coupable que l'on pressentait sans pour autant avoir les clés pour suivre la piste menant à celui-ci.

 

 

Un detective est bien défendu par ses interprètes dont, en premier lieu, Franco Nero, livrant un rôle à mi-chemin entre son Belli du Témoin à abattre, parcourant la pellicule de manière aussi antipathique que son personnage dans Journée noire pour un bélier, mais aussi par un tas de premiers et de seconds rôles qu'on croise régulièrement au sein du cinéma populaire de l'époque (lequel se fond très souvent avec le cinéma plus intello et engagé de cinéastes cités plus haut). Bien sûr Florinda Bolkan (Una ragazza piuttosto complicata, Metti una sera a cena, Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto, Una Lucertola con la pelle di donna,...) ici légèrement en retrait mais aussi, outre le très connu Adolfo Celi (Danger: Diabolik!, Sentenza di morte, L'occhio nel labirinto,...), les gratifiantes Delia Boccardo (Le Témoin à abattre, SS Représailles, La polizia accusa: il servizio segreto uccide,...) et Susanna Martinková (aperçue dans Qui veut tuer Jessie ? puis plus vue dans Le Jour de la haine) ainsi, enfin, histoire de ne pas refaire le casting en entier, que l'incontournable Maurizio Bonuglia (Top Sensation, El ojo del huracán, Journée noire pour un bélier, La proie des vierges, Le Parfum de la Dame en noir). A titre anecdotique, on mentionnera toutefois la présence de Laura Antonelli, apparaissant le temps d'une scène.

 

 

Pour conclure, disons qu'en tant que polar d'investigation tendant vers le thriller, Exécutions manque d'un je-ne-sais-quoi, patine quelque peu à mi-chemin, se reprend ensuite, pour finalement paraître globalement solide et distrayant, notamment pour qui apprécie les intrigues tarabiscotées. Il est un peu l'équivalent transalpin modernisé du film noir façon Raymond Chandler, voire de son homologue américain "Le Détective" (The Detective, 1968), tourné par Gordon Douglas et mettant en scène Franck Sinatra, auquel il n'a du reste rien à envier. Souligné par une partition à son avantage due à Fred Bongusto (Obsédé malgré lui), il s'agit d'un de ces néo-polars transalpins qui, tel Ce salaud d'inspecteur Sterling, feront écho tout au long des années 70, avec de réguliers allers-retours et des emprunts justiciers réciproques entre les États-Unis et l'Europe, dont l'Italie en premier lieu.


Mallox

 

 

En rapport avec le film :

 

# Ce qu'il manque sur la VHS Proserpine (par rapport au dvd Eyecatcher) :

 

 

- à 00:22:50, la discussion entre Franco Nero et Adolfo Celi chez l'avocat est moins longue de 47 secondes.
Durant ces 47sec, l'avocat assure au commissaire Belli que si son fils était un meurtrier, il serait le premier au courant.
Dans la VF, sur la Proserpine, Florinda Bolkan arrive inopinément. Dans la version complète, son mari l'appelle sur une ligne interne. Elle est dans la pièce à côté et arrive immédiatement.

- à 00:28:34, pendant que Belli se fait agresser, de nuit, puis passer à tabac, il manque dans la VF les plans de la voisine, alertée par le bruit, qui ouvre sa fenêtre puis hurle. (une huitaine de secondes)

- à 00:29:12 : manque une discussion entière (1min56) au commissariat entre Belli et le commissaire de police (il y est principalement question de Sandy, la cover-girl et de son implication). Sur la VHS, on arrive directement sur la photo de la femme nue, toujours dans ce même commissariat.

- à 00:37:45 : manque une voix off qui est une discussion entre Aldopho Celi et Nero, alors que Nero a rendez-vous avec la cover-girl. Sur le dvd on voit les deux hommes se parler (2 secondes), ce qu'on ne voit ni n'entend sur la VHS.

- à 00:39:26, manque 48 secondes de discussion entre Belli et la cover-girl. Celle-ci ment durant ce temps, Nero ne la croit pas, la menace de la faire expulser d'Italie ; on a un raccord entre la VF et la version intégrale où elle se met à parler, à dire la vérité. Dans la VF, elle y est donc moins menacée.

- à 00:39:43, elle évoque le photographe. Dans la version Eyecatcher, elle est plus explicite à son sujet, explique qu'elle le connait sans vraiment le connaitre. Mais qu'elle avait peur de parler et de se faire tuer si elle venait à parler du négatif et de sa provenance (35 secondes)

- à 00:46:32, lors d'une discussion entre Franco Nero et Florinda Bolkan, et après lui avoir caressé le visage en lui demandant si elle a toujours été fidèle à son mari, Nero lui expose son point de vue à propos d'une femme qui serait le mobile du crime. (1min08sec)

- à 00:47:40, alors que Nero a réussi a séduire Bolkan, chez elle, il la laisse se déshabiller puis décide de ne pas coucher avec elle.
Le passage où elle se met à lui raconter qu'elle a autrefois couché avec Adolfo Celi, alors qu'il était encore marié avec sa sœur, disparue depuis, est absent de la VHS. (manque 33 sec)

- à 00:48:12, Nero s'énerve et tourne en rond, seul devant elle. Manque 1 minute à ce moment avant que ce soit raccord entre la version intégrale et la VHS où il finit par l'aider à se déshabiller, debout.

- à 00:52:40, Alors que le photographe a porté plainte et se trouve au commissariat, le commissaire prend à part Franco Nero.
Dans le même registre, le passage où la voisine du photographe à qui Nero avait demandé où était le photographe qu'il a molesté ensuite, est venue témoigner que c'est bien cet homme là (Nero) qu'elle a vu et est probablement l'agresseur, est manquant. Nero la piège en lui demandant la couleur du chapeau qu'il portait. Elle répond "vert !". Nero se disculpe in-extremis en rétorquant qu'il n'a jamais porté de chapeau de sa vie. (manque 2 minutes)

- à 01:04:38, quand Belli se pointe dans la chambre où se trouvent trois personnes, dont Emmanuelle (Susanna Martinková), nue, cette dernière, après avoir dit à Belli "qu'elle n'hésiterait pas une seconde à le faire chanter s'il la mêlait à cette histoire", continue à propos du même sujet, en lui expliquant comment elle s'y prendrait afin de se protéger d'un salaud comme lui. (24 secondes)

- à 01:19:17, l'explication du crime que donne Belli, de nuit, à Florinda Bolkan, est écourtée de 17 secondes sur la VHS Proserpine.

- à 01:23:08, Belli/Nero descend de voiture, rejoignant l'assassin là où il a voulu l'amener. Sur la VHS, le passage où il se rapproche du meurtrier pour lui dire ses quatre vérités, est ôté. (13 secondes)

- En revanche, la chanson du plan final dure encore 50 secondes après le mot FIN sur la VHS et disparait sur le dvd.


* A noter que sur la piste allemande, la musique du générique de début n'est autre que la chanson "It's a Man's Man's Man's World" de James Brown, qui se substitue à la musique de Fred Bongusto, présente sur les pistes française, italienne et américaine.



# L'annonce de la première à New-York en décembre 1970 :

 

 

# L'annonce de son passage à Philadelphie en mars 1971 :

 

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