[M] [Critique] Sugar Colt - 1966

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Déc 07, 2016 11:24 am    Sujet du message: [M] [Critique] Sugar Colt - 1966 Répondre en citant



Sugar Colt - 1966

Origine : Italie / Espagne
Genre : Spagh / Comédie / Espionnage

Réalisé par Franco Giraldi
Avec Jack Betts (as Hunt Powers), Soledad Miranda, Gina Rovere (as Jenny Oak), Erno Crisa (as James Parker), José Canalejas, Giuliano Raffaelli (as Julian Rafferty), Víctor Israel, George Rigaud, Jeff Cameron...

Autre titres : Rocco, der Mann mit den zwei Gesichtern (RFA)






Pendant l'année 1866, en plein territoire du Nouveau Mexique, la guerre de sécession est finie. Selon l'ordre du jour du général Lee, les soldats nordistes retournent chez eux. Dans ce contexte, le bataillon des tireurs d'élite de la troisième brigade fait mouvement sous les ordres de son capitaine. Seulement, voilà que ce même bataillon est cerné, attaqué puis fait prisonnier.






Pour tout le monde, cette disparition demeure une énigme. Mais ce vieux briscard d'Alan Pinkerton * (George Rigaud), dont le nom fait office de fonction de détective, a amorcé son enquête. Du reste, il y a un détour imprévu, emprunté par le bataillon, qui reste illogique et inexpliqué.
Pinkerton décide d'aller trouver son ami et celui qu'il considère comme étant le meilleur détective de la région : Sugar Colt (Jack Betts).
Ce dernier est trop occupé à charmer ses dames, en plus de leur apprendre le maniement des armes, à la perfection, ainsi que d'essayer des gadgets à rendre jaloux James Bond et James West réunis. Le détective n'a décidément pas envie pour le moment d'être détourné de sa vie de dandy et de Casanova au sein de son petit cabinet privé. Aussi, malgré l'insistance et les détails fournis par Pinkerton, Sugar Colt refuse de s'occuper de l'affaire.

Mais c'est sans compter la tragédie qui survient peu après : Pinkerton se fait abattre, manifestement trop dangereux pour les auteurs du kidnapping du bataillon nordiste. Avant de rendre son dernier soupir, Pinkerton n'a le temps de prononcer que le nom d'un endroit : "Snake Valley". Pour venger son ami et accomplir son dernier désir, Sugar Colt doit découvrir ce qui est arrivé à ce corps d'armée mystérieusement disparu. Il s'affuble d'un déguisement et d'une nouvelle identité, Dr. Tom Cooper, puis se pointe, candide en apparences, dans la petite ville de Snake Valley, un endroit où les étrangers ne sont pas les bienvenus, c'est le moins qu'on puisse dire...






Même si "Sugar Colt" eut les faveurs d'une sortie dans les salles françaises en juin 1967, en étant plutôt bien accueilli, Franco Giraldi fait partie des réalisateurs de la première vague du western spaghetti dont le nom est sans doute le moins cité à ce jour. Il s'agit de son second film après "Sept écossais au Texas" (7 pistole per i MacGregor, 1966), lequel connaitra une suite, "Les sept écossais explosent" (7 donne per i MacGregor, 1967). Il fera un chant du cygne au genre avec le très intéressant Une minute pour prier, une seconde pour mourir (Un minuto per pregare, un istante per morire, 1968) avant d'entamer une sorte de seconde carrière, souvent faite de comédies mettant en scène Ugo Tognazzi, Monica Vitti ou encore Giovanna Ralli.

Il n'est bien sûr pas surprenant que le réalisateur ait fait ses débuts dans un genre qui venait de dynamiter le péplum alors en perte de vitesse puisque Giraldi, outre d'avoir été réalisateur de seconde équipe pour Sergio Corbucci et "Romulus et Remus", Le fils de Spartacus, poursuivit pour "Massacre au Grande Canyon" (cosigné Corbucci et Albert Band) et surtout pour LE détonateur inattendu d'un genre qui relança du coup une grande partie de l'industrie cinématographique italienne alors claudicante : le sieur Sergio Leone et son "Pour une poignée de dollars", défoncé quant à lui à l'époque, par la même intelligentsia qui, plus tard, retournera sa veste et son pancho.

Du reste, rien de très étonnant non plus à ce que Giraldi fasse partie de cette première fournée puisque ce sont en grande partie les assistants de Leone, à l'écriture comme à la technique, qui firent le plus souvent partie de cette première vague : Tonino Valerii (Le dernier jour de la colère, Texas, Une Raison pour vivre, une raison pour mourir,...), Duccio Tessari ("Un pistolet pour Ringo" et sa suite, Mario Caiano ("Mon colt fait la loi", Un train pour Durango...) et Massimo Dallamano (Bandidos) comme réalisateurs, Augusto Finocchi ("Trois cavaliers pour fort Yuma", Aujourd'hui ma peau, demain la tienne, le plus tardif Los amigos) ainsi que Fernando Di Leo (Le temps du massacre, Navajo Joe...) comme scénaristes.





"Sugar Colt" est donc la seconde cartouche tirée par le réalisateur Giraldi, juste après un coup d'essai transformé avec "7 pistole per i MacGregor", dans lequel on retrouvait en tête d'affiche deux habitués du genre : Robert Woods ("4 dollars de vengeance", "Mon nom est Pécos", Belle Starr Story) et, celui sans qui Almeria paraitrait un peu vide : Fernando Sancho (Minnesota Clay, Colorado, Le temps des vautours, Killer Kid, Le jour de la haine,...). Ancien du clan MacGregor, George Rigaud rengaine ici dans le rôle de Pinkerton. Un acteur que les amateurs de cinéma pour les cancres connaissent bien et qui a touché à tous les genres, qu'ils furent d'exploitation ou non (Mort ou vif... de préférence mort pour ne citer qu'un exemple en rapport avec le genre qui nous concerne).

Au scénario, de prime abord plus original qu'à l'accoutumée (le point de départ avec cette disparition d'un escadron entier est inédit), on trouve, outre les déjà cités Di Leo et Finocchi, le presque vétéran Giuseppe Mangione, récent transfuge du péplum ("Sous le signe de Rome", "La fureur d'Hercule" dans lequel apparaissait Soledad Miranda, "Maciste, l'homme le plus fort du monde", "Maciste dans la vallée des lions"...) mais ayant exercé avant comme après dans d'autres genres (le drame criminel ou intimiste avec "Au nom de la loi" de Pietro Germi, "Les amoureux" de Mauro Bolognini, le giallo avec Exorcisme tragique ...) et Sandro Continenza, ayant commencé sa carrière auprès de Toto et quant à lui également touche-à-tout, contribuant sans complexe à tous les genres : Le danger vient de l'espace, "Les temps sont durs pour les vampires", Hercule contre les vampires, Le grand défi, Come rubammo la bomba atomica, L'iguane à la langue de feu, Obsédé malgré lui, 7 Murders for Scotland Yard, Le massacre des morts-vivants ...).






Parmi les rôles principaux, on retrouve donc, en héros et au premier plan, Jack Betts, planqué sous le pseudo de Hunt Powers. Après être resté confiné durant une petite décennie à la télévision, il s'agit de son premier film et, disons-le simplement, d'un de ses rôles le plus convaincants sinon sa meilleure prestation : pratiquant la boxe anglaise, la médecine-charlatanisme tout en étant à la fois impénitent coureur de jupons, fin limier et fin tireur (de dos autant que de face), il livre dans "Sugar Colt" une prestation impeccable.
Un pari qui n'était pas gagné d'avance, l'acteur n'étant pas pourvu, a priori, du physique ou de la prestance les plus charismatiques que le genre ait vu passer. Jack Betts gardera du reste longtemps son pseudonyme qu'il abandonnera en 1973 pour "L'homme de la Winchester d'or" de Roberto Mauri, alors que sa carrière décline et juste avant de s'en retourner vers la seule télévision, entre deux rôles pour le cinéma qu'on peut qualifier de figuration ("Rêve de singe" de Marco Ferreri, "Chute libre" de Joel Schumacher). A la même époque, on le verra traverser l'Ouest, pistolet à la main, dans "Trois salopards, une poignée d'or" (Maurizio Lucidi, 1967) ainsi, et surtout, que de tourner pour Demofilo Fidani ("Django et Sartana", "Nevada Kid", "Macho Callaghan se déchaîne" ainsi que le thriller érotisant Caresses à domicile).






S'il s'agit de la première grosse apparition de Jack "Hunt Powers" Betts, il s'agit en revanche de la dernière à l'écran de Erno Crisa (Jules Cesar contre les pirates), ici excellent dans un rôle petit mais vigoureux, mais qui décèdera deux ans après d'une hémorragie cérébrale, à l'âge de 54 ans.
Parmi les têtes connues, on peut bien entendu citer Gina Rovere (Colpo gobbo all'italiana, Come inguaiammo l'esercito...), ou l'éternel second plan Giuliano Raffaelli (La mort a pondu un œuf, Contronatura, Et le vent apporta la violence...) ; on peut citer également Frank Braña, figure quasi légendaire du western et du cinéma Bis (Django le proscrit, Colorado, Tire encore si tu peux, Les 4 de l'Ave Maria, la trilogie des dollars de Léone, Texas, Quand Satana empoigne le colt et, dans d'autres genres : El secreto de la momia egipcia - avec George Rigaud également, Las Alimañas, Le Sadique à la tronçonneuse, Hundra...), tout comme Jeff Cameron (Les Trois fantastiques Supermen, "Prie... et creuse ta tombe !", 5 gâchettes d'or...) ou Paolo Magalotti (Le dernier jour de la colère, Une minute pour prier, une seconde pour mourir, Aujourd'hui ma peau... demain la tienne, Le retour de Croc Blanc...) ; mais, au sein des seconds rôles, soit, plus mis en avant, la personnalité qui crève l'écran n'est autre que Soledad Miranda. Inutile bien entendu de refaire la suite de la carrière de cette magnifique jeune femme, future égérie de Jess Franco (Crimes dans l'extase, Eugénie, Vampyros Lesbos, Les Nuits de Dracula...), qui connut un destin prématurément tragique.






Quoi qu'il en soit, alors que la multiplicité de scénaristes aurait pu faire craindre le pire, "Sugar Colt" se maintient bien tout en pratiquant le mélange des genres. Passé le préambule, l'action se fait légère tout d'abord, avec cette agence de détectives qui pullule de femmes tireuses d'élite, ensuite avec l'arrivée dans la petite bourgade de Snake Valley du Dr. Tom Cooper : les visages des habitants se figent, inquiets de la venue d'un étranger, perçue semble-t-il comme une intrusion signe de graves ennuis à venir (et ils n'ont pas tort !). Après s'être fait passer à tabac en guise de bizutage, on tombe dans le burlesque lors d'une scène où Doc Cooper glisse des herbes hallucinogènes dans le poêle chauffant le salon, sorte de gaz hilarant qui ne manque pas de se faire plier en quatre les plus patibulaires des bandits. Certains se fendent de vannes vaseuses en pleines parties de poker tandis que d'autres se mettent à marcher à quatre pattes sous les tables. Seule Bess (Gina Rovere), la tenancière, bien que méfiante, accepte du médecin l'antidote. Quant à sa jeune nièce, Josepha (Soledad Miranda), trop sceptique, elle fait semblant d'accepter pour recracher ce qui lui aurait éviter de tomber dans les bras du sieur Cooper (ce qui vaut à Josepha un bon bourre-pif façon cow-boy de la part de sa tante, à qui on ne la fait pas). Mais au fil des scènes, les choses se corsent, Cooper défie d'abord certains cow-boys à la boxe anglaise puis, acculé, dévoile sa vraie identité : "Ok, le docteur Cooper est parti mais, à la place, Sugar Colt est là !".






Le film se fait alors tout à la fois plus romantique, mais aussi plus sombre, plus sadique, plus noir, plus violent et même plus mouvementé. Inutile de passer toute la bobine en revue au risque de trop en dévoiler, disons simplement que l'on passe de la nonchalance humoristique et de l'auto-dérision aux codes plus traditionnels du western all'dente, le tout avec pas mal de péripéties, une assez belle aisance, ainsi qu'un dynamisme parfaitement souligné par la chouette partition de Luis Bacalov. On peut additionner à ces qualités un élément inédit lui aussi alors, en tout cas, au sein du western transalpin : l'utilisation de multiples gadgets dont on citera, pour exemples, une bague-miroir, une roue de chariot dopée à la dynamite. Bref, "Sugar Colt" est un western sympathique, entrainant et distillant globalement une bonne humeur communicative. Sans toutefois être le plus grand représentant du genre, il demeure assurément une réussite à (re)découvrir !










En rapport avec le film :

# A noter que le montage français, distribué notamment en VHS, est incomplet. Il y manque certaines scènes qui détournent le film de son sens. Pour ne citer qu'un seul exemple, se situant dans le premier quart-d'heure, la motivation principale du déplacement et de l'enquête de Sugar Colt trouve sa raison dans l'assassinat pur et simple de son vieil ami Pinkerton. Dans la version française, on a le sentiment que Sugar Colt finit par accepter devant tant d'insistance du vieux Pinkerton et l'on passe ainsi d'une discussion entre les deux hommes à un plan où Sugar Colt, déguisé en Docteur Cooper, part vers Snake Valley en chariot.


# Allan Pinkerton, nom emprunté ici (avec un seul L) et campé par George Rigaud, est réellement le fondateur de la Pinkerton National Detective Agency.
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Dernière édition par mallox le Mer Juin 06, 2018 5:08 am; édité 7 fois
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Valor
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MessagePosté le: Mer Déc 07, 2016 2:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Inutile bien entendu de refaire la suite de la carrière de cette magnifique jeune femme, future égérie de Jess Franco, qui connut un destin prématurément tragique.


Sans faire une biographie complète, on peut quand même citer ses films critiqués ici ?

Crimes dans l'extase
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/160-crimes-dans-lextase

Eugénie
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/317-eugenie

Vampyros Lesbos
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/802-vampyros-lesbos

Les Nuits de Dracula
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/590-nuits-de-dracula-les

... et puisque du parles de "La fureur d'Hercule", dire qu'elle a un petit rôle dedans... ainsi que dans deux autres Westerns : "Les 100 fusils" (1969) et "Rio Hondo" (1968).

Citation:
A noter que le montage français, distribué notamment en VHS est incomplet.


frank_PDT_16 T'as vu la VHS Farah ? Jamais pu mettre la main dessus !



Sinon, le DVD Seven7 a l'air de faire pâle figure à côté du DVD allemand Koch Media :






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mallox
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MessagePosté le: Mer Déc 07, 2016 2:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ok, c'est rajouté. Pas mis les Franco de crainte de surcharger la chronique de gras et de rouge sur le site Mais après tout, peu importe !


EDIT :

Citation:
Citation:
A noter que le montage français, distribué notamment en VHS est incomplet.



Citation:
frank_PDT_16 T'as vu la VHS Farah ? Jamais pu mettre la main dessus !


Nope mais la durée française était de 90 minutes. Les 7 ou 8 minutes restantes sont en version espagnole (sans sous-titres).
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sigtuna
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MessagePosté le: Mer Déc 07, 2016 10:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai un bon mais brumeux souvenir de sa diffusion sur le câble, excellente critique sinon.

new_arme2
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