Avec "Mausolées", Christian Chassarieux propose un roman de science-fiction assez atypique, une sorte de Dystopie familiale dans un monde post-apocalyptique où le pire ne semble pas être encore arrivé comme le veut la tradition. Mausolées est aussi un roman sur la littérature comme le rappelle son introduction et sa conclusion où le personnage principal semble se considérer lui-même comme héros d'un roman. .

Quelque part en Europe, dans la cité de Sargonne, Léo Kargo vient d'être embauché pour s'occuper d'une bibliothèque dans un monde qui semble peu apprécier les livres. Son travail, à la fois simple et compliqué, est de créer une bibliothèque idéal, de chercher des raretés et gérer les ouvrages pour son employeur. Ce dernier est par contre beaucoup moins habituel que le travail, puisque c'est un ancien mercenaire et chef de guerre.
Devenu riche durant les conflits qui ont mené le monde au bord du chaos, Pavel Khan est un personnage contesté, une personnalité ambiguë, monstre pour certains et héros pour d'autres, qui a officiellement quitté la politique et s'occupe d'oeuvre de charité. De lourds secrets l'entourent pourtant encore et son passé a de grande zone d'ombre. Des zones d'ombre que Léo va devoir fouiller afin de rédiger la biographie de ce vieillard.
A travers un personnage d'écrivain et un lieu clos, la ville de Sargonne, Christian Chavassieux arrive à décrire un monde, son histoire faite de guerre et d'épidémie, de conflits durant lesquels un tiers de l'humanité aurait disparu et un monde qui se relève peu à peu de ses blessures. Blessures que certains voudraient mortelles, convaincu que l'humanité doit disparaître, tandis que d'autres semblent vouloir la sauver.
Parmi ceux-ci, il y a étrangement Pavel Khan et sa femme, très discrète, qui ont perdu leur unique enfant lors d'un attentat des années auparavant et qui pour certains de leurs travaux ont fait appel à un mystérieux médecin. Un mystère que Léo, orphelin, aimerait bien résoudre, car il pense que ses origines se cachent peut-être à Sargonne. Pourtant, lui, l'homme de lettre, peut-il quelque chose à voir avec l'homme de guerre qu'il a en face de lui.
Puis, il y a le Palais des fous, ce jeu dont le but est de tuer le diable, chaque personnage pouvant être allié ou ennemi selon les coups, sauf une pièce toujours fidèle au diable. Ce jeu étrange n'est pas sans rappeler la situation à Sargonne avec Pavel Khan dans le rôle du diable et des meurtres qui agitent la cité et une communauté déjà au bord de l'implosion, risquant même de donner naissance à un nouveau conflit.
Plus que de la science-fiction, Mausolées est avant-tout un polar et un drame. Un polar parce que ce roman est ponctué de meurtres et un drame pour ce que vont vivre les personnages confrontés à la violence et à la mort, mais qui doivent également affronter le quotidien, un quotidien fait de secrets et d'énigmes qui ne pourront que bouleverser les personnages, un roman qui fait se croiser des personnages brisés pour ne jamais les soigner.

Cet étrange roman auquel ne colle aucune étiquette est aussi une déclaration d'amour à la littérature avec son personnage principal gérant une bibliothèque tombant en poussière, les livres semblant au final incapable de sauver quoi que ce soit, comme si la culture ne pouvait plus rien pour l'humanité. Le constat semble amer et le roman l'est, nous décrivant un avenir trop possible, loin des lendemains qui chantent.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/