A l'heure où s'ouvre ce troisième et dernier tome de sa trilogie des Elfes, Uter vient de devenir Roi des Hommes, Roi de Loth et Roi légitime au yeux de la Pierre de Fal, l'un des quatre Talismans que la déesse a remis aux différents peuples, Nains, Elfes, Monstres et Hommes. Lliane, la Reine de hauts-Elfes, est réfugiée avec leur fille Morgane dans l'île sacrée d'Avalon en compagnie de Merlin, tandis qu'Uter a épousé Ygraine, la veuve du Roi Pellehun puis du sinistre Gorlois. Le Roi a pris la sage décision de remettre l'Epée d'Excalibur au peuple nain afin de laver la trahison et de mettre un terme aux guerres intestines qui déchirent le royaume mais au même moment, une terrible nouvelle remonte des terres lointaines : Les Monstres attaquent. Le Seigneur Noir a levé une troupe immense et pour la seconde fois, se prépare à marcher vers les Royaumes.
Une guerre sanglante et dévastatrice est désormais inévitable et Uter se refuse donc à rendre l'Epée sacrée au Nains. Selon lui, seule Excalibur et son pouvoir lui permettront de commander à une armée assez puissante composée d'Hommes, de Nains et d'Elfes. Sa puissance ne pourra être contestée seulement s'il redevient le Pendragon, le chef guerrier et qu'il possède avec lui la puissance d'Excalibur. Est-ce donc l'unique raison qui le pousse à refuser de rendre l'Epée sacrée ou un sentiment plus sombre, plus insidieux, plus sournois essaie-t-il de s'insinuer en lui ? Et les autres peuples accepteront-ils de se joindre à lui, accepteront-ils de périr pour une cause perdue d'avance face à la barbarie des Monstres, trolls et Gobelins alors que toutes ces guerres sont la faute des hommes et de leur soif de pouvoir et de domination ? Et maintenant qu'il est marié à Ygraine et qu'il ont donné naissance à Arthur, Uter pourra-t-il redevenir le Pendragon, cet état divin qu'il atteint lorsque la reine Lliane est en lui, la fusion de leurs esprit par la force de leur amour ?

Beaucoup de questions qui trouveront leur réponse dans cet ultime tome de cette trilogie grandiose et palpitante. Autant le second tome avait perdu un peu de son souffle épique par rapport au premier opus, autant celui-ci nous en met plein la vue. Violence, passion, combats héroïques et chevauchées sanglantes, trahison, gloire et désespoir absolus sont les maîtres mots de cette conclusion ahurissante à la trilogie. Rien que les 15 premières pages nous donnent un aperçu de la teneur de cet opus. Cela démarre fort !
On peut certes regretter que l'auteur ait fait intervenir une fois de plus le combat manichéen entre les peuples unis et le Grand Seigneur Noir (on pense tout de suite aux seigneur des Anneaux et ses nombreux émules), mais il le fait bien et sait déplacer l'action et l'attention de manière à ce que cette lutte n'occupe pas forcément le devant de la scène. Ce qui m'a le plus marqué dans cette oeuvre, c'est vraiment la survie des croyances païennes, de la féerie et du pouvoir des Elfes face à la montée du Christianisme et de la domination, l'aveuglement, d'un Dieu unique. Toutes ces croyances et ces peuples magiques qui meurent et qui se voient mourir, prêts à se fondre bientôt en un peuple unique sous l'égide d'un Dieu injuste face aux croyances ancestrales, c'est toute l'histoire du paganisme écrasé par la religion unique.
Jean Louis Fetjaine revisite avec talent l'histoire des religions et le Cycle Arthurien pour nous offrir une fresque majestueuse, magique, héroïque et enivrante. Un roman d'une grande beauté et d'une grande noirceur, très sanglant, poignant qui n'aura pas fini de vous faire vibrer. La trilogie se clôt avec majesté et l'on regrette qu'elle ne se poursuive pas sur quelques tomes supplémentaires... Surtout qu'elle se termine sur de vastes potentialités que je vous tairai ici ! En tout cas ces trois tomes constituent pour moi l'un des piliers de la fantasy contemporaine par la justesse de leur ton, l'intelligence du propos, leur rythme et la beauté des croyances oubliées que Fetjaine fait revivre sous nos yeux. Un chef-d'oeuvre.

Note : 10/10

Chaperon Rouge