Voilà longtemps déjà qu'Elric, le prince Albinos, a quitté Mélniboné, la cité qui rêve, la cité des Dragons. Elric aurait du reprendre son trône, devenir un empereur, peut-être même un tyran. Mais le jeune homme en a décidé autrement et, quittant sa bien aimée Cymoril, le voilà parti à le recherche du savoir. Qui suis-je vraiment ? Comment dois-je gouverner et me gouverner ? Qu'elle est ma race, mon origine ? Voila autant de questions qui sont autant de quêtes pour Elric et sa démoniaque épée Stormbringer, la buveuse d'âme couverte de runes énigmatiques.
Elric a échoué sur une île étrange, bordée d'une mer mystérieuse qui va le conduire dans ce roman en trois parties tantôt vers le passé, le présent, le futur. Un voyage qui devrait donc répondre à ses attentes, un voyage qui va le faire pénétrer dans le multivers, concept crée par l'auteur, qui mélange donc personnages et époques.
La première aventure d'Elric l'amène à découvrir d'autres aventuriers qui sont : Erekosé, Hawkmoon et Corum, qui sont autant de cycles écrit par Moorcock et qui sont peut-être un seul et unique personnage.

Si cette aventure, comme les suivantes d'ailleurs, est complètement psychédélique, je pense qu'elle m'aurait plus plu si j'avais lu les autres chroniques des autres personnages. Car ici l'écrivain semble créer une jonction entre ses différents cycles mais l'histoire, la lutte contre les deux sorciers est assez classique. Reste comme d'habitude le style de Moorcock, inimitable et absolument génial !
La seconde aventure amène Elric, naviguant toujours sur cette mer d'où s'échappent les cris d'âmes mortes, vers un sorcier contre qui Elric va devoir se battre. Dans cette aventure, il semble que le prince Albinos touche enfin du doigt les secrets de son monde mais encore une fois se sera un échec... Cette aventure rappelle ce mythe de Charron, passeur des morts. Une histoire sombre, très sombre mais étrangement que je n'ai pas trouvé forcement palpitante. Moorcock abandonne un peu le côté philosophique et les batailles sont très classiques...
Par contre la dernière histoire est absolument fabuleuse, grandiose. Entre aventure et questions sur les dieux, entre autres le dieu du chaos Arioch. On y découvre des créatures atroces, des paysages étranges, inquiétants et on assiste toujours dans cette aventure teintée de psychédélisme à un nouvel échec pour Elric, personnage de plus en plus torturé et sombrant de plus en plus dans la tristesse que provoque en lui certaines questions. Même en voyageant sur ces mers, en voguant tantôt vers le passé tantôt vers l'avenir, le prince semble condamné à ne jamais savoir, condamné à vivre un destin qui fait de lui un damné.
Moorcock crée un personnage attachant, complexe et passionnant, même si ce Navigateur n'est pas l'oeuvre que je préfère de cet auteur, car plus conventionnelle et peut-être un peu moins inspirée. En tout cas une oeuvre qui saura satisfaire tous les fans d'Elric ou de Moorcock.

Note : 6,5/10

Le Cimmerien