Le nouveau dirigeant de Teutonia, le technomancien Van Drakho qui impose un règne de terreur sur son pays, a également attaqué et conquis d'autres pays d'Europa avec l'aide de ses terribles machines de guerre qu'aucune armée n'a encore pu arrêter. La plupart de ces royaumes sont tombés en quelques jours. Les troupes teutoniennes et ses Arachnopanzers occupent maintenant Paris et le nord de Frankia. Le sud est dirigé par un gouvernement de pantins à la solde de Van Drakho qui s'occupe d'arrêter les elfes et de les envoyer en Teutonia d'où ils ne reviennent jamais.

Vous l'aurez probablement compris à ce court résumé, le monde de "Frankia"  n'est que l'Europe de la seconde guerre mondiale revisitée par la fantasy. Ça nous change agréablement des énièmes royaumes médiévaux qui encombrent les étagères des libraires, mais également les nôtres. On y trouve tout de même des elfes, des nains et des orcs, créatures immortelles du genre avec les stéréotypes que cela engendre: les nains travaillent le fer dans les mines, les elfes semblent vivre dans les forêts... Seuls les orcs sont épargnés et évitent le rôle de méchant qui leur est souvent alloué. Car les humains s'en chargent très bien dans ce roman, du moins les terribles teutoniens... Mais malgré cette base de départ intéressante, l'histoire, elle, reste plutôt classique.

Loïrien est un jeune Frankien vivant en zone libre, élevé par un orc après avoir été trouvé enfant et ne sachant donc rien de ses origines. Il vit tranquillement avec son frère-orc, Morkhaï et la vie campagnarde lui réussit plutôt bien. Certes, il est rejeté par certaines personnes à cause de sa famille, qui n'est pas très bien vue dans cette période de trouble, mais il s'en accommode. Mais un jour, en allant chercher du bois dans la remise, il va découvrir une jeune elfe grièvement blessée. Refusant de l'abandonner aux Veilleurs, des soldats particulièrement sadiques de Teutonia, il va devoir aller chercher Monsieur Fabre, le gentil instituteur du village, afin de la soigner car ce dernier est en réalité un puissant mage. Mais en faisant ça, il vient de se lancer dans une quête le dépassant et au cours de laquelle il découvrira sa véritable ascendance, lui qui croyait être un jeune homme banal...

On est donc là dans la quête la plus classique possible, un adolescent s'apprêtant à devenir adulte et qui va s'embarquer dans un voyage en compagnie de ses amis, la jeune elfe dont il va bien entendu tomber amoureux et son frère Orc, afin d'essayer de sauver le monde des forces de l'ombre. C'est dommage, avec un tel postulat de départ, d'avoir une histoire ne sortant pas plus de l'ordinaire, qu'on a l'impression d'avoir lue mille fois et dont le décor est le principal mérite.

Rien de grave pourtant, car après un début assez laborieux, les péripéties s'enchaînent rapidement et on n'a pas le temps de s'ennuyer, le roman possédant même quelques passages particulièrement épiques, des méchants un peu caricaturaux mais tout de même effrayants et assez de suspens pour qu'on ait envie d'aller jusqu'au bout de ce premier volume, qui se révèle, finalement, particulièrement accrocheur et réussi.

Le style de Jean-Luc Marcastel, qui a beau être un peu répétitif, principalement quand il insiste sur l'amitié de l'orc et de son héros ou des sentiments de ce dernier pour l'elfe, n'en est pas moins efficace dans d'autres passages et très visuel, très descriptif et donnant parfois l'impression d'écouter un conteur.

Ce premier volume de "Frankia" est donc une demie réussite avec son univers insolite et son récit assez convenu. Ça se laisse lire avec beaucoup de plaisir et c'est même franchement divertissant. Mais on a l'impression de croiser trop de clichés inhérents à la fantasy pour que ce soit franchement passionnant. C'est dommage mais ça sort suffisamment de l'ordinaire pour qu'on s'y atèle un peu.

 

Note : 8/10

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur: http://www.mnemos.com/