Avec ce roman, les éditions le Pré aux Clercs semblent vouloir continuer sur la lancée du thriller ésotérique inauguré il y a quelques années avec le "Da Vinci Code" mais il n'est pas ici question du Saint Graal ou du Vatican. L'ouvrage s'intéresse principalement aux Vierges Noires, des représentations de la Vierge Marie dont le visage et les mains sont peintes de couleurs sombre mais plus particulièrement de la Vierge Noire du Puy, vierge qui aurait été brûlée durant la révolution.

Alban Vertigo va hériter de sa tante des affaires de l'église, encensoirs, statues ou encore quelques bréviaires, car la vieille femme refuse de remettre les objets au curé du village. Il va découvrir au milieu de ces bondieuseries une carte avec un mystérieux message laissant supposer que la vierge du Puy a échappé au bûcher. Ni une, ni deux, il décide de se lancer en quête de la statue en compagnie de son adolescent et gothique de fils.

Ils vont d'abord interroger le curé de la paroisse mais ce dernier ne semble rien savoir. Puis ils vont fouiller l'abbaye où la statue aurait été cachée. Mais ce n'est pas cette dernière qu'ils vont trouver, c'est le cadavre du curé, assassiné et probablement torturé. Ils vont alors expliquer leurs recherches à la police sans leur parler de la carte et continuer leurs fouilles... Mais d'autres cadavres vont apparaître sur leur chemin.

La "Vierge noire" est un thriller ésotérique plutôt efficace. Le rythme est soutenu, les cadavres s'amoncellent et on suit les fausses pistes avec beaucoup d'intérêt. On se laisse balader par une intrigue palpitante où on ne découvre le véritable coupable que dans les dernières pages. Manipulations et trahisons sont au programme de cette enquête particulière. Mais il y a malgré tout quelques invraisemblances qui gâchent la qualité générale du récit.

Mais c'est surtout la Vierge Noire qui est au centre de l'intrigue et l'histoire tente autant de connaître sa provenance, sa destination, que qui désire à tout prix s'en emparer. Et il faut dire qu'entre les sectes et les amateurs d'arts, il y a du monde qui court après cette statue bien particulière ! Les origines et ramifications de la statue sont d'ailleurs très nombreuses et toutes sont abordées à un moment ou à un autre de l'ouvrage.

En effet, les Vierges Noires semblent trouver autant leurs racines dans la déesse indienne Kâlî que dans des mythes celtiques et il s'agit avant tout d'une récupération d'anciens mythes par l'église catholique. On explore donc avec le roman tout les aspects de ces statues, qu'on trouve un peu partout en Europe, sans sombrer non plus dans le paralogisme. Philippe Mignaval n'oublie pas qu'il raconte avant tout une histoire et évite donc d'écrire de trop nombreuses pages de thèse.

Les deux histoires se rejoignent et se marient très bien. Le style plutôt direct et simpliste de l'auteur est efficace et permet d'aller directement aux faits, mais il n'empêche pas parfois une légère dose d'humour, très bienvenue, grâce au cynisme du narrateur. Mais l'histoire s'échappe pourtant étrangement des événements auxquels ce dernier est confronté, pour nous raconter ce qui est arrivé à d'autres personnages et dont il ne peut-être au courant. Ces digressions sont malheureusement un peu moins réussies.

En bref, "Vierge Noire" est un excellent roman, plutôt captivant et divertissant, les personnages, tous archétypaux, sont finalement attachants et l'on suit leur aventure avec plaisir. Les amateurs de thrillers ésotériques en auront pour leur argent, grâce à une histoire intéressante et documentée ainsi qu'une intrigue où rien n'est laissé au hasard et avec un suspens savamment dosé.

 

Note : 7/10

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.lepreauxclercs.com/