Chaka Zoulou est probablement l'un des personnages historiques africains les plus connus en Europe, l'un de ceux dont le nom parle forcément à tous ceux qui l'entendent. Du coup, une biographie à tendance fantasy ne pouvait se révéler qu'une bonne idée pour tout amateur d'aventures, de magie et bien entendu d'histoire. Malheureusement, le résultat est loin d'être à la hauteur des ambitions !

Ce roman commence donc un peu avant la naissance de Chaka alors que Senza N'Gakoma, son futur père, n'a pas encore de fils et cherche à en avoir un pour prendre sa suite. Il croisera donc la belle Nandi qui donnera naissance à son premier garçon par une nuit d'orage sans pluie, ce qui pourrait faire du nouveau né l'enfant d'une vieille prophétie zoulou. Mais des petits frères vont rapidement naître et leurs mères vont tout faire pour que ce soit leurs enfants qui montent sur le trône, excluant Nandi et le petit Chaka.

Grandissant éloigné de l'amour paternel et rejeté par les habitants de son village, le petit Chaka et sa mère vont croiser la sorcière Isangoma qui va tout faire pour que l'enfant accomplisse plus tard les hauts faits qui lui sont promis. Un affrontement avec ses frères où il tuera l'un d'eux l'obligera à s'enfuir de son village et à aller trouver refuge auprès de son souverain Jobé, mettant ainsi son destin en marche.

Un enfant illégitime et rejeté qui va se retrouver à accomplir une grande destinée, l'histoire de Chaka Zoulou se prête donc à une histoire de fantasy classique, très classique même. Du coup, on se retrouve à lire l'enfance, l'apprentissage et l'ascension de Chaka jusqu'à sa chute, le tout mâtiné d'une vieille sorcière se baladant à dos de cochon et de divers dieux africains. Mais voilà, l'épopée de Chaka Zoulou telle que contée par Thomas Day ne décolle jamais vraiment.

Car plus qu'un roman, on lit avec Le Trône d'ébène une succession de vignettes mettant en scène des passages de la vie de l'empereur des Zoulous que ce soit ses batailles mais également ses rencontres avec d'autres personnages comme Isangoma ou un mystérieux médecin irlandais mais il n'y a jamais vraiment d'empathie avec les personnages. Du coup, on l'impression de se retrouver à lire une banale histoire d'héroic fantasy.

Les scènes de combat sont  nombreuses et très sanglantes dans Le trône d'ébène, on empale également beaucoup les traîtres et on n'hésite pas à exterminer les nations ennemies de manière violente. Le roman décrit en partie et parfois rapidement les nombreuses conquêtes de Chaka et s'intéresse un peu à ses rapports avec les colons anglais. Mais le tout est malheureusement toujours fait de manière trop succincte.

Si l'on compare ce roman avec ce qu'avait fait Michel Pagel dans le Roi d'août pour Philippe Auguste, on se dit que Thomas Day est probablement passé à coté d'un fort potentiel pour son roman ou qu'il n'a pas su l'exploiter à fond pour livrer à Chaka Zoulou une biographie épique digne de son nom et de ce qu'il inspire. Si elles sont astucieusement mélangées, la magie et l'histoire peuvent donner de grands récits, même si ce n'est pas le cas ici.

Heureusement, il y a l'Afrique dans le fond et elle offre toute sa dimension, tout son dépaysement à ce roman que ce soit par ses dieux, ses tribus ou ses coutumes. Elle est véritablement le point fort de ce roman et assez exploitée pour justement démarquer quand même un peu cet ouvrage des nombreuses autres parutions de fantasy qui préfèrent  continuer à exploiter encore et toujours les même mythes européens.

Voilà donc pour ce roman qui n'est guère convaincant, dont on a l'impression qu'il aurait pu être plus peaufiné, de manière à amener des émotions plutôt que de se vautrer dans du sang avec même un zeste d'inceste tout à fait inutile. Le trône d'ébène est une lecture qui se révèle intéressante et divertissante mais également très décevante, car le résultats est complètement écrasé par toutes ses ambitions.

Note : 5/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Ce roman a obtenu le prix Imaginale 2008.

- Site de l'éditeur : http://www.gallimard.fr/foliosf/