Jack l'éventreur et H.G. Wells, soit l'un des plus célèbres tueurs en série et probablement le premier d'un coté, et de l'autre l'auteur de "La guerre des mondes" et "L'homme invisible", l'un des pères de la science-fiction. Deux personnes qui n'ont a priori rien à voir, si ce n'est qu'elles ont vécu à la même période. Il n'en fallait finalement pas moins à Karl Alexander pour qu'il fasse se rencontrer ces deux individus.
Pour cela, il suffit de faire de Jack l'éventreur le docteur Leslie John Stephenson, un ami de H.G. Wells. De toute façon, l’intérêt n'est pas de révéler l’identité de l'effroyable tueur de Whitechapel ou une quelconque hypothèse vis-à-vis de l'individu. Non, le but de ce livre est plutôt de confronter deux personnages du passé au monde présent, d'y confronter leur vision de la réalité, ce qui sera autant source d'humour, de colère, de peur que de tristesse et de joie.
En effet, la version optimiste de Wells en prendra un coup puisqu'il découvrira que les évolutions technologiques qu'il espérait être sources de progrès social et d'humanisme n'ont pas fondamentalement changé la donne alors que le célèbre tueur en série y verra un monde à son image, violent et en cours de déshumanisation, ce à quoi Wells sera presque obligé d'adhérer, bien malgré lui.

Mais quelle est l'histoire me direz-vous ? Après le nouveau meurtre sanglant d'une prostitué, le docteur Stephenson est obligé de fuir la police qui a réussi à se mettre à ses trousses et va profiter d'une invitation de Wells pour aller se cacher chez lui. Cependant l'auteur réservait une étrange surprise à ses invités, il a fabriqué une machine à explorer le temps et compte mettre en place le premier voyage très rapidement.
Surprise qui tournera au cadeau pour l'assassin, puisque deux inspecteurs de Scotland Yard vont débarquer chez l'auteur et perquisitionner chez lui afin de démasquer le célèbre Jack l'éventreur. Sauf que ce dernier n'est plus dans la maison, il est parti en 1979 grâce à l'invention de son hôte. Pas vraiment content d'avoir été ainsi abusé et bien décidé à empêcher le tueur de sévir à nouveau, Wells va monter dans sa propre machine et se rendre également en 1979.
Le reste de la poursuite aura donc lieu quelques décennies après son début et permettra à Karl Alexander de nous proposer un thriller plutôt original, certes un peu mou par rapport aux canons actuels du genre,  car la traque du tueur va prendre un tournent inhabituel en propulsant ses héros à une époque qui n'est pas la leur, dans laquelle il seront légèrement dépassés, anachroniques même, et à laquelle ils devront tout de même s'adapter.

Les deux auront bien entendu leur lot de surprises, tels que les fusils mitrailleurs pour Stephenson.  Wells aura quant à lui la chance de découvrir les joies du Big Mac! Ils seront émerveillés par les voitures, effrayés par la télévision et surpris par la libération de la femme, qui osent porter des pantalons et prendre des postes à responsabilités ! Le ton essaie à chaque fois de nous rendre les sensations des personnages, de nous expliquer leurs points de vue.
Voilà donc un roman qui donne à Wells le rôle de héros, certes un héros un peu particulier, avec un flegme tout britannique et qui va voir ses ambitions socialistes plus ou moins s'envoler à travers la description d'un futur ou plutôt d'un présent qui n'a rien d'un rêve, malgré ses qualités. Son optimisme en prendra certes un coup, mais il trouvera tout autre chose dans cet avenir qui ne l’enthousiasme guère.
Ceci dit, le roman ne sombre pas non plus dans le « C'était mieux avant », c'est surtout un roman de SF atypique et comme on en fait plus, ou la philosophie ne prend jamais le dessus sur l'histoire et où le fond reste léger, servant finalement la forme de l'ouvrage. En gros, c'est une histoire de voyage dans le temps plutôt bien ficelée, un thriller utilisant deux figures d'une autre période pour mieux les confronter au présent.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/