Lancée en grande pompe au début de l'année, cette anthologie a choisi pour thème l'une des créatures les plus emblématiques de la fantasy avec les elfes et les nains: les dragons. Et l'on peut se demander s'il y a vraiment moyen de faire du neuf avec cet animal certes fabuleux mais croisé de nombreuses fois et déjà sous pas mal de formes. Cette anthologie va-t-elle permettre de découvrir des idées innovantes ou des récits originaux sous le soleil de la fantasy ?

La réponse pourrait aussi bien être oui que non. De bon textes, des textes intéressants et même passionnants, on va en croiser dans cette anthologie, mais d'autres laisseront un goût de déjà lu. Parfois originale, parfois classique, cette anthologie peut sembler un peu plombée par un thème un peu trop utilisé. Mais voilà, les récits se suivent et ne se ressemblent pas, passent d'un style à un autre, puis également d'un genre à un autre.

Et ça démarre fort avec la nouvelle de Daylon, "Chansons pour Ouroboros", qui conte l'histoire d'une cité assiégée par de multiples dragons auxquels elle livre une guerre sans merci. Bien que classique, cette nouvelle mérite le détours pour le style ardu de l'auteur qui plutôt que de nous décrire le décor, essaie de nous le faire reconstituer. Même si le style n'est pas des plus agréables,   la nouvelle est impressionnante.

Dans les histoires classiques, on notera également celle de Thomas Day qui va conter la quête d'un vieillard voulant sauver une petite fille d'un funeste destin, celle d'Ugo Bellagamba qui malgré l'utilisation de la mythologie nordique et une chute assez surprenante raconte une simple quête et également le récit de David Camus qui touche à la fantasy historique en imaginant une dernière aventure de Baudoin IV Le Lépreux et du chevalier veillant sur eux. Quoiqu'on en pense, ces récits ont aussi leur qualité et arrivent à susciter l'intérêt.

Dans un autre genre, on notera quelques récits de fantasy humoristique avec "Le Dragonneau Anorexique" de jean-Claude Bologne qui démarre avec l'histoire d'un petit dragon qui ne veut plus manger ses princesses d'élevage et avec "Le feu sous la cendre" qui conte l'histoire d'un étudiant qui va emmener son vieux professeur à la recherche d'un vrai dragon. Bien qu'arrivant à titiller les zygomatiques, on ne peut pas dire que ces nouvelles fassent rire aux éclats.

Et pour finir ce court récapitulatif, parlons un peu des nouvelles qui n'utilisent pas des décors médiévaux comme la nouvelle de Johan Heliot, un polar très noir et violent se déroulant dans les bayous, la nouvelle également violente de Jérôme noirez qui se déroule durant la seconde guerre mondiale et met en scène un médium envoyé de force dans une mission impossible par les nazis  ainsi que l'uchronie pessimiste de Frédéric Jaccaud qui nous décrit un monde où se déroule une guerre des tranchées sous terre, à la fois contre les troupes adverses et un dragon.

Parmi les autres récits, on notera aussi tout de même celui de Francis Berthelot qui conte une histoire d'amitié impossible, voire d'amour, entre un homme et un dragon, l'étrange récit d'un marin qui n'est pas sans évoquer Lovecraft d'Estelle Faye, et "Coeur de pierre" de Virginie Bétruger qui revisite le conte du vilain petit canard avec l'histoire d'un garçon maltraité et rejeté dans son village à cause de ses différences.

 

Voilà donc pour un panorama incomplet de cette anthologie, mais certains des textes manquant méritent aussi le détours. La promenade proposée permet donc de se balader dans les sentiers balisés de la fantasy mais également hors de ces sentiers et ce sont souvent ces textes les plus intéressants, même si les textes plus classiques ont également leur intérêt.

Du nouveau, il y en a donc dans l'anthologie Dragons et lorsqu'on ferme la dernière page, on se dit que heureusement, il reste des terrains à défricher pour la fantasy et on souhaite que certains des auteurs de cette anthologie s'y attellent et nous sortent du schéma des longues et classiques quêtes dans lequel le genre s'enfonce trop souvent.

Bref, l'anthologie Dragons a des textes qui méritent le détours et d'autres non, mais ce ne sera pas forcément les mêmes selon les lecteurs, cela étant affaire de goût. Donc malgré son sujet qui peut attirer autant qu'il peut faire peur, cette anthologie mérite qu'on y jette un coup d'oeil, qu'on soit amateur de fantasy ou pas.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.editions-calmann-levy.com/