Depuis que j'ai lu l'année dernière les deux volumes du Chant de l'Oiseau de Nuit parus aux éditions Bragelonne, je n'avais plus qu'une seule idée en tête tant j'ai aimé ces deux romans, relire du Robert McCammon ! Alors quand j'ai vu "la malédiction de Bethany" chez Milady, ni une ni deux, j'ai foncé dessus. Et je n'ai pas été déçue. Ok, c'est sûr, c'est beaucoup plus classique que les aventures de Matthew Corbett, mais Robert McCammon est un sacré écrivain, il parvient sans peine à plaquer des ambiances glaçantes et à nous tenir en haleine. Ces romans sont fouillés, originaux et avec des personnages intéressants et crédibles. On va crescendo dans l'horreur et "La malédiction de Bethany" nous entraîne dans le versant terrifiant des légendes grecques, ressuscitant pour nous le mythe des amazones dans sa version la plus implacable et terrible. Tremblez pauvres mâles, vos jours sont désormais comptés !

Evan est écrivain et vétéran de la guerre du Vietnam. En plus de ses profonds traumatismes de guerre liés à la torture, il doit faire face à un don de prémonition qui lui pourrit la vie depuis l'enfance, mettant en péril son couple avec Kay et la stabilité de sa famille. Pour tenter de se reconstruire, Evan, Kay et leur petite fille Laurie partent s'installer dans le charmant village de Bethany's Sin, tout ce qu'il ya de plus paisible et serein. Mais le paysage idyllique va peu à peu se troubler par l'arrivée de terrifiantes visions chez Evan, qui va peu à peu se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond à Bethany's Sin. Les hommes semblent terrorisés, quasi inexistants et parfois même mutilés et certaines femmes paraissent cacher de lourds secrets. Des créatures aux yeux de flammes bleues montées sur des cheveux parcourent la nuit et Kay semble plonger peu à peu dans une étrange langueur, faisant de plus en plus souvent de terrifiants cauchemars. Et si Bethany's Sin cachait une terrible malédiction, une menace ancestrale et dévastatrice ?

Même si on comprend assez rapidement où Robert McCammon veut en venir en raison de son prologue, l'ambiance du roman est excellente et on est happé par l'histoire et par la mythologie cachée derrière. En voilà une trame originale pour un roman d'horreur somme toute assez classique ! Utiliser la légende des amazones et glisser la terreur jusque chez soi, jusqu'au point de non retour ou Evan ne peut peut-être plus se fier à sa femme où à sa fille, en voilà une excellente idée ! Les Amazones est un sujet bien trop souvent laissé de côté par les auteurs, ou alors utilisé de façon très différentes de ce roman. Ici, pas de concession ou de belles et farouches guerrières, on retourne aux sources du mythe, à Themiscrya la nation des amazones (avec une belle référence au Wonder Woman de DC Comics) et au rituel du fer et du feu cher aux implacables guerrières. L'auteur parvient à rendre ses personnages particulièrement inquiétants, certaines scènes épiques venant donner un souffle héroïque à l'intrigue, ponctuée par les visions d'Evan et les cauchemars de Kay. La Malédiction de Bethany (d'ailleurs pourquoi ce changement de titre alors que la ville s'appelle dans le roman Bethany's Sin, comme dans la version US ?) est un bon roman d'horreur et de fantastique, bien mené et original dans son fond si ce n'est dans sa forme, qui plaira aux amateurs de bonnes histoire de terreur sans effets de surenchère. Une très bonne lecture agrémentée d'une superbe couverture signée Anne-Claire Payet qui me confirme dans le talent de McCammon pour se jouer des apparences et pour créer des atmosphères oppressantes, même si cette malédiction de Bethany n'a pas la classe et le souffle du splendide Chant de l'oiseau de nuit. Mais il faut dire aussi que la barre était très haute !

Note : 7/10

 

Chaperon Rouge

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.milady.fr/

- Site de l'auteur : http://www.robertmccammon.com/