Sur une planète étrangement semblable à la nôtre, Jed Gomme (phonétiquement "jet de gomme"), tombe dans la bouteille après la mort de son épouse Nina. Révolutionnaire dans l'âme, il décide de fomenter un complot rocambolesque visant à donner symboliquement une bonne leçon au président de la Transanie. Raccolas Karsosie est un dirigeant imbu de lui-même, dont l'ego a été alimenté depuis son enfance par un miroir magique.

Laissant derrière lui ses enfants, le massif Ventral et son village de Défroq, Jed Gomme, muni de son arbalète, s'installe à Taris, la capitale, attendant son heure en se mêlant aux clochards du quartier "du paradis des enfants de putes".

Ce nouveau roman d'Elie Couston (le troisième édité aux éditions Persée après "La bonté des anges et la main du diable" et "Horizons sauvages") se réfugie derrière l'artifice du monde parallèle pour livrer une satire de notre société.

Choix que l'auteur arrive difficilement à justifier, à mon sens, même dans la conclusion assez obscure de son livre.

L'univers alternatif présenté manque cruellement d'originalité. On y trouve d'un coté une classe dominante immorale, et de l'autre des prolétaires naïfs quand ils ne sont pas misérables où réduits à des archétypes de brutes épaisses.

Les situations rapportées, les noms des protagonistes et des lieux sont des reflets vraiment grossiers de notre propre actualité. L'ensemble apparaît finalement très superficiel pour être assimilé à une critique de la société de consommation et manque de développements.

L'histoire nous est relatée dans un style pour le moins curieux, au travers la voix d'un narrateur qui semble vouloir soulager sa conscience de quelque horrible secret.

Malheureusement, le "terrien" commence par nous présenter le quasi dénouement de son récit, avant de s'engager dans une rétrospective des événements qui amenèrent Jed Gomme sur Globa à quelques minutes d'un simulacre d'exécution: la peine de mort a été supprimé par un ersatz de Valéry Giscard d'Estaing, mais il arrive parfois de mortels accidents lors du cérémonial de la guillotine!

Il arrive que le conteur intervienne par ailleurs en plein milieu de l'action pour rapporter son quotidien sans qu'on comprenne trop l'utilité.

Le déroulement, si on s'en réfère au titre du roman, n'appelle à aucune surprise: Jed Gomme a, à n'en pas douter, tué le président Karsosie!

Reste la neuvième partie du livre et son épilogue qui sans être inintéressants laissent subsister l'impression que l'auteur aurait pu aller plus loin et rendre plus captivante cette histoire.

Mais malgré beaucoup de redondances "L'homme qui tua le président" reste cependant agréable à lire, cela principalement de par la sympathie que suscite son personnage principal (qui est un must en matière d'anti-héros!) et le burlesque des mésaventures que traversent ce Guillaume Tell d'opérette. On peut voir dans cette œuvre une anticipation d'une certaine dérive de notre système politique, mais les éléments présentés relèvent vraiment trop de la caricature. La démonstration est émaillée de trop de clichés pour qu'on la trouve sérieuse et fondée.

Un roman susceptible donc d'enchanter les fans de récits fleuris et décalés (Les dialogues sont plein de gouaille, et l'humour - notamment au travers les jeux de mots- est bien présent).

Les amateurs de science fiction y verront quant à eux assurément un OVNI littéraire mais auront quand même bien du mal à faire figurer ce livre dans leur bibliothèque du genre.

Note : 4/10

 

Ludo

 

A propos de ce livre : 

 

Site de l'éditeur : http://www.editions-persee.fr/