Depuis la disparition de David Gemmell, l'Héroic-Fantasy semble un peu aux abonnés absents, alors que les autres genres de la fantasy vont de succès en succès. Un nouveau roman dans le genre est donc une bonne nouvelle et, de plus, il est l'oeuvre d'un jeune auteur français : Yann de Saint-Rat, qui s'inscrit également dans la lignée des auteurs qui reprennent les codes du genre pour mieux les renouveler.

Etreham est un artiste d'un genre bien particulier, son talent étant de tuer son prochain, principalement sur les champs de bataille où même ceux de son camp le redoute. Une jeune femme va entrer dans sa vie et lui proposer de tuer son père : le dernier dieu. Ne pouvant résister à l'appel du combat, Etreham va alors se lancer à la poursuite du combat qu'il a attendu toute sa vie, mais la route va contenir son lot d'embûches.
La force de ce roman est de nous placer directement dans la tête de son personnage principal, de nous confronter autant à son quotidien qu'à ses pensées. Le personnage aime ainsi la guerre et la violence, tout en ayant sa faiblesse et son secret : il n'a pas pu sauver sa soeur, assassiné par son père. En allant tuer le père d'Asa, il part donc aussi en quête d'une rédemption, espérant sauver la jeune femme.
Seulement, le dernier dieu ne semble pas vouloir se laisser assassiner et envoie son bras-droit à la poursuite du duo. Yann de Saint-Rat nous place également dans l'esprit de la créature, aussi assoiffé de sang et de violence qu'Etraham ! En nous plaçant dans l'esprit de ces deux Nemesis, Yann de Saint-Rat les oppose également mentalement, en faisant bien plus que des adversaires, nous offrant un personnage de méchant particulièrement remarquable.
Pourtant, là où l'un se repaît de la mort et du combat, le second y cherche un aboutissement, une délivrance qui lui permet de faire ressortir toute la haine qu'il a en lui. La colère pourrait être le thème de ce livre avec celle qu'Etraham semble éprouver contre lui et celle d'Eyll qui semble détester tout le monde. Deux colères opposées, l'une froide et l'autre fulminante, qui vont s'affronter dans des combats aussi épiques que sanglants !
Dans Le sang que l'on verse, on peut aussi trouver une réécriture de la mythologie grecque, principalement ceux de Prométhée et de Persée, avec cet univers ou dieux et créatures se baladent discrètement au milieu des humains. L'aspect fantasy apparaît en effet au fur et à mesure de la progression de la quête d'Etreham, mais également les réelles motivations de certains personnages, loin d'être honnête qu'ils le prétendent.
Mais ce roman est avant tout un roman d'Héroic-fantasy où l'action ne s'arrête jamais, où les combats se succèdent sans temps mort, un roman où l'on laisse parler les lames plutôt que les protagonistes. C'est de la fantasy guerrière qui nous est donc offerte ici et de la bonne ! En un seul roman, Yann de Saint-Rat construit un univers complet et y installe une histoire forte, au final démentiel et époustouflant.

D'une certaine manière, le roman de Yann de Saint-Rat vient se ranger à côté de "Mordred" ou de "Même Pas Mort" dans sa façon d'aborder la fantasy, d'en utiliser les stéréotypes pour en jouer. Ici, c'est donc celui du guerrier solitaire qui est revisité, en nous plaçant directement dans sa tête, nous montrant ce qu'il peut aller chercher dans ses aventures : son ennemi ultime, celui qui lui ressemble plus qu'il ne le pense.

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/