Avec des collections intitulées "Ressource et santé", "Croissance et développement" ou bien encore "Eveil et conscience" rien d'étonnant que ce roman édité dans le catalogue des éditions Quintescence s'apparente à un récit initiatique.

Rien de surprenant non plus que son histoire se déroule dans un univers de Fantasy, le genre étant celui par excellence où il nous est offert de suivre le passage d'un adolescent à l'âge adulte au travers une quête d'où découle la découverte de sa véritable identité associée ou non à des pouvoirs magiques (les exemples sont foison!).

Dans "Spiris", un jeune garçon élevé "à la dure" par des bohémiens qui l'ont racheté à des brigands qui ont tué son père et violenté sa mère après une embuscade des années plus tôt.

Un oracle le désigne comme celui par qui le malheur touchera le clan. Il se voit dès lors définitivement rejeté par ses "parents adoptifs".

Livré à lui-même, le jeune garçon vit de rapines en parcourant le monde, sans attaches.

Spiris, âgé désormais de 20 ans, arrive dans la ville de Tudor dans les territoires autonome d'Antiga. Il surprend ce qu'il pense être des coupe-jarrets transportant un cadavre. Flairant une affaire juteuse il les suit et pénètre dans les bâtiments d'une mystérieuse communauté. Il est alors témoin d'une mystérieuse cérémonie dans une crypte souterraine dotée de curieux réceptacles.

Surpris, il tente de s'échapper mais tombe entre les mains de ceux qu'il espionnait. Contre toute attente, Karan, l'un d'eux, lui propose de devenir disciple de l'ordre.

Spiris accepte dans un premier temps, mais renonce à son initiation, dépassé par l'étrangeté et la difficulté que revêt cet apprentissage.

Malgré le conseil de Karan il retourne à Tudor et est violemment pris à parti par les villageois à qui il essaye d'expliquer ce qu'il a vécu dans la "mystérieuse secte noire".

Lapidé, battu, il se voit couper la main et est sauvé in extremis par Karan qui le reprend comme élève.

Débute pour lui un enseignement en compagnie d'une autre disciple, Leylane. L'obtention de grades initiatiques, appelés mystes et au nombre de quatre, devrait lui permettre de percer le secret de la résurrection des morts.

Ce premier roman, sous titré "Le chant de la pierre" et paru en 2005, fait parti d'une trilogie qui se poursuit dans "Le faiseur de foudre" (finaliste au Prix Merlin 2008 pour le Meilleur Roman francophone de Fantasy/Fantastique.) et se termine par "Le souffle de l'infini".

Si l'intrigue de ce volet est fort convenue, le style d'écriture en revanche est pour le moins originale et déstabilisant pour les habitués de récits d'heroic fantasy classique.

Pierre Louis Besombes adopte en effet un langage qui ne dénote pas avec ce qu'on peut lire par ailleurs dans d'autres ouvrages de chez Quintessence, et de façon générale chez des auteurs tels Jacques Salomé ("Le courage d'être soi", "Contes à guérir, contes à grandir") ou bien Jorge Bucay ("Laisse-moi te raconter les chemins de la vie") : des écrivains ayant une formation de psychiatre ou de psychothérapeute (Pierre Louis Besombes est analyste en stratégie) et qui privilégient les essais ou bien les recueils de contes philosophiques.

Vocabulaire et formulations reflètent une approche très pragmatique, éloignée du style romanesque commun de par la volonté d'amener le héros en quête d'identité à prendre conscience de ce qu'il est au delà de ce que les autres veulent qu'il soit.

"Spiris" est assurément un livre unique de ce point de vue, encore différent de récits particuliers tel "Ptah Hotep" de Charles Duits.

J'en viens à m'interroger sur le profil des lecteurs qui pourraient apprécier cette histoire; la façon dont elle est racontée.

Si la couverture, refaite à l'occasion d'une réédition consécutive à la sortie des tomes suivants, de par son design laisse entendre que ce roman est destiné à des adolescents, j'ai du mal à imaginer que des personnes peu versées dans les sciences humaines et peu adeptes de la littérature subséquentes apprécieront.

Pas mal sensibilisé à ces "guides pratiques de bien être", j'ai fini par trouver le récit des mésaventures de Spiris poussif sur la longueur (le livre fait quand même 352 pages).

Le cheminement spirituel et personnel du personnage principal fini par court-circuiter les ressorts que l'on attend dans une fiction de ce genre. Les relations entre le maître et l'élève et celle amoureuse entre Spiris et Leylane, finissent par être dénuées d'émotion, voir de passion, et on s'en détache.

Mais l'univers de Spiris n'est pourtant pas totalement inintéressant.

Pierre Louis Besombes s'est inspiré de l'Antiquité, principalement des cultes initiatiques tel que le mithraïsme écartant des empires Lannoro et Maldari la magie au profit de l'ésotérisme (interprétation des rêves, biorythme, pierres précieuses). La fantaisie en dehors de cela reste assez rare : la faune et la flore inédites sont les seules concessions faites à un environnement aux personnages peu ou pas assez exploités à mon sens malgré un potentiel évident.

"Spiris" possède sans aucun doute plusieurs niveaux de lectures. Une explication de texte supplémentaire m'aurait été nécessaire pour véritablement l'apprécier tant j'ai le sentiment d'être passé à coté de sa signification profonde.

La fin de ce premier épisode entraîne de facto un second volet qui on l'espère éclaircira les nombreuses questions restées en suspens.

 

Ludo

 

A propos de ce livre :

 

- Site de la série : http://spiris.kazeo.com/

- Site de l'éditeur : http://www.editions-quintessence.com/